on va bien voir
le cri à l’état pur
le cri de l’écritureon va lier vision et voix
on va tisser un tant soit peu
l’espace-temps
on va créer
ce monde jamais saturé
de formes et d’apparences
on va ôter
le poids qui plombe
cette pageon va y voir le signe
que tout n’est pas perduJean Jacques Dorio Saint Rémy de Provence 16/09/2023
J’AI BESOIN ET JE N’AI PAS BESOIN
D’ÉCRIRE
Le travail du Temps est ce qui fait qu’on s’absente de soi
Jusqu’à l’ultime absence
Il est altération
Il est l’Autre qui s’insinue dans la place du MêmeFrançois Hartog
J’ai besoin d’écrire
Travail sur le temps permet
S’absenter de soi
J’ai besoin de rire
De rire de soi permet
De rire des autresCeux qui la ramènent
Ceux qui donnent des leçons
Ceux qui nous emmerdent
J’ai besoin de lire
Voyager à l’intérieur
Sillonner des pagesJ’ai besoin d’un rien
D’une page des Essais
D’AzertyuiopJ’ai besoin des nuits
Ou je prose tous mes vers
Au lit Litanie
J’ai besoin de l’œil
Que Nature m’a fait
Marron point vertJ’ai besoin plaisan
Terie à part de mentir
Pour faire plus vrai
J’ai besoin de soins
Alternatifs : l’air de rien
La lyre d’OrphéeJ’ai besoin de voix
Les chères qui se sont tues
Les Nouvelles NéesJ’ai besoin de voie
Celle qu’on ne peut nommer
L’Arcancielesque J’ai besoin de toi
Toi qui fus ma seule au monde
Toi qui nages dans mes pagesJ’ai besoin et je n’ai pas besoin
De lèvres sur les livres
Empreintes de soupirsJ’ai besoin d’écrire
Le mot fin le fin mot
D’une histoire inachevée
La nuit du 10 septembre 2023
UN SONNET EN FORME DE RONDE
Ce corps d’une idée qu’est un vers (Marcel Proust)
Un vers où s’inscrit un sujet
C’est le sujet de ce sonnet
Un corps dans la chair du langage
Parole et corporéité
Vers à vers sondant ma pensée
Créant ainsi de l’inédit
Des images de coups du sort
De coups de vent De coups de mer (Victor Hugo)
Les dissonances de ces tours
Arcancielesques (dit Cendrars)
Voix sépulcrale ou badinant :
Des Djinns ou de l’Aronde babillarde
Ainsi se termine mon sonnet-ronde
IL EST DES NUITS PLUS INVENTIVES QUE D’AUTRES Allez savoir pourquoi C’est comme des voix intérieures qui prennent l’accent de tel ou tel comédien (cette nuit celle de Roger Blin qui dialogue avec Delphine Seyrig, la comédienne) Il est des nuits où mon encre à micro-pigments résistant à l’eau court la page dorée avec le stylo pointe fine qui a la qualité de l’archive, C’est comme une fugue radiophonique enregistrée le 5 mai 1966 et diffusée trois jours après Tu seras seul au monde avec ta voix Il n’y aura au monde d’autre voix que la tienne * C’est comme la voix que je lançais au printemps 1978 du haut du théâtre d’Épidaure La voix qui descendait vers toi mon amoureuse qui me faisait de grands gestes au centre de la scène Toi dont le cœur n’est plus que cendres et qui aurait tant aimé partager le secret de cette nuit trop inventive * Voix de Delphine Seyrig jouant Ada dans Cendres de Samuel Beckett