CENT FOIS TOURNANTE VOTRE VUE

Cent fois tournante votre vue
M’inspire m’émeut me fragilise
Me sort d’Amour ce petit dieu
Controversé par la psychanalyse
Sorti d’un temple dédié à Déités
Que mon esprit contemple et ma langue avalise
Brûlant par dévotion cette recherche de mots
parfaits que j’idolâtre et qui m’infantilisent

Cent fois j’écris ô douce vie
Ensemble et toi et moi je parangonne
Fais le départ entre soupirs ardents et agonie
Ravive ainsi mes amoureuses flammes
Cent fois tournantes à votre vue
Madame dont le teint d’or m’électrolyse

Avec Pontus de Tyard (1521-1605)
Qui écrivit et fit publier
Les erreurs amoureuses

ENCORE DES SONNETS ? IL FAUT ÊTRE SONNÉ !

1

Sur un thème connu me voilà variant
Mariant la contrainte avec la fantaisie
Dans la nuit solitaire triste oiseau se riant
De l’amour malheureux plantant ses banderilles

J’accumule mes plaintes mes peines et tourments
Je me perds dans les bois de ces amants d’Ovide
Transformés en tilleul en rameaux de gourmands
Sur la barque d’Amour je rame dans le vide


Quand finit ma complainte la nuit et le silence
Me laissent démuni passereau solitaire
Je refuse pourtant tout ce qui me fait taire :

L’absence de désir le malheur la souffrance
La langueur de mes rimes mes belles adversaires
Dernier vers Ô Lecteur en absence…Va riant !

Sonnet écrit d’un premier jet ce mercredi 19 juillet 2023
Avec l’aide de La Roque (Siméon Guillaume) vers 1551-1611

ALORS QU’EST-CE QUE T’AS ÉCRIT CETTE NUIT 7 L’infracassable noyau de nuit

7

L’INFRACASSABLE NOYAU DE NUIT

-Alors qu’est-ce que t’as écrit cette nuit ? -Cette nuit j’ai été englouti par le sombre océan. -Alors ? -Alors je n’ai rien écrit. C’est donc matin nouveau que je t’écris. -Merci de ne pas me bercer d’illusions. -Cependant je t’avoue dans la même veine que je n’ai pas encore ouvert mes volets (un rituel) et que par conséquent je n’ai pas encore donné le premier coup d’œil sur mon jardin et sur la mer, là-bas, là-bas, que j’ai la chance d’apercevoir avec ses lourds bateaux destinés au complexe pétrochimique, mais aussi la vision du fort ancien qui veillait naguère sur l’entrée de la passe maritime. -En quelque sorte tu essaies ainsi de prolonger la nuit. -J’essaie. La nuit et ses métamorphoses, le silence intérieur confronté au murmure d’un monde inédit. Le défi de casser cet infracassable noyau de nuit, mis en exergue par André Breton, à propos du seul Bien prôné par les Surréalistes : « la victoire de l’amour admirable sur la vie sordide ». -Oui, j’ai lu quelque part que sur ce plan au moins Breton prétendait « n’avoir jamais repris la mise. » -Celle en effet de l’amour réciproque, célébré dans le dernier numéro de Révolution, la revue Surréaliste. -Et contesté aussitôt par l’érotisme noir de Georges Bataille. -Oui, mais ceci, comme tu le sais, est une autre histoire.

LE TEMPS L’AMOUR L’ASCÈSE

Depuis le temps qu’on les écrit
Jour après jour et chaque nuit
C’est comme une douce habitude

Les lignes s’enchaînent ou s’arrêtent
Des fois ça peut durer deux jours
C’est comme une lettre d’amour
Avec des vers formant l’épître

Les mots sautent comme cabris
Mais faut les passer à la forme
Et à la fin recopier
Avec ses douas sur le clavier

On hésit’encor tant c’est balaise
De nommer : le temps l’amour l’ascèse



LA POÉSIE ET LES MOTS DE LA TRIBU

          
Poésie : un arc un souffle une voix
Un rien de rien un battement d’exil        
Jamais assez de ses blessures et de ses joies
De son temps qui n’est pas celui du calendrier
et ne s’inscrit sur aucun  écran d’ordinateur            
         
Elle procède par bonds et par replis
Les semelles de vent Le coude sur la table
                     
Innocente mendiante pauvre première venue
C’est pourtant l’humaine mesure
dans le monde délabré d’aujourd’hui 
            
Paroles dorées paroles timides paroles des places
où elle donne du sens aux mots de la tribu
la mort l’amour la liberté