JOURNÉE
Une bonne journée pour demain
Une journée sans tv barbecue culs bénis
Une bonne journée d’ébéniste de gammes d’artistes
Une journée sans le parti F Haine sondages de journalistes
Une bonne journée de listes d’objets qui ne se trouvent dans aucun magasin de l’hexagone
Une bonne journée de poupée fétiche et de marionnette porte-bonheur
Une bonne journée pour Max Ernst au camp des Milles
Pour les chardonnerets les lézards amoureux
Et mon petit fils
Mathis
« Marine le matin » Guy Toubon monotype acrylique (11,5×14 cm)
À Guy Toubon
Je lis, au dos d’un carton, « monotype » original, dont m’a fait don mon ami T, « Salut l’artiste ! » (sic),
mais je ne sais pas, à vrai dire, à quelle part du « moi », ce « salut » est adressé.
« Al otro, a Borges », me souffle malicieusement le maître incontesté (formule un peu creuse, non ?), du dédoublement.
Je me hasarde alors, imitant l’auteur de Ficciones, d’écrire que de cet autre (Dorio, en l’occurrence), j’ai des nouvelles par courrier postal (rarement, mais toujours tout de même) et par courrier électronique, « le courriel » de nos amis québécois, quotidiennement.
« Salut l’Artiste », c’est tout un poème, un jeu avec le « je », qui persévère, dans une fugue, en contrepoint, d’un « moi » massif et quelque peu ridicule, passé à la moulinette de métaphores qui ne sont dans aucun dictionnaire.
Je ne sais pas, pour terminer par une note borgésienne, lequel des deux, de « moi-même » ou de l’Artiste, a écrit ce feuillet d’un hiver où les vrais « artistes », pour cause de maladie contagieuse, n’ont plus voix au chapitre.