PETIT GLAÇON BAUDELAIRIEN

Je commence des textes que je voudrais courts.

Mais un mot s’ajoutant à un autre (comme s’il le « chassait » parfois), une idée traversée (ou renversée) par une métaphore, une citation de rencontre…et mon texte prend l’allure d’un pastiche sans fin.

Cette nuit le glaçon qui rafraîchit mon vers est offert par maître Baudelaire (excusez du peu) :

Comme montent au ciel les soleils rajeunis

Après s’être lavés au fond des mers profondes

LES JAMAIS RACONTÉS






Les Jamais Racontés, les Swan et les Odette.
Les lectrices et les lecteurs qui passent sur mon blog.
Les Montaigne et les Tchouang Tseu avec qui j’accumule les dettes.
Les cosaques zaporogues, ivrognes, pieux et larrons, aux steppes et au décalogue. 1
Les amoureux fervents et les savants austères. 2
Nerval l’Inconsolé, les Chats de Baudelaire.
Les gens de toute taille qui passent à la télé.
Etc, etc.
Il est temps que de cette liste je me taille.

1 Apollinaire 2 Baudelaire

COMME UN ENFANT





Comme un enfant me dis-je
Plus tu vieillis plus tu accueilles
les paroles des livres
Comme un enfant écoute les contes
Que Maman lui lit

Comme un enfant tu prends la phrase
Qui s’allonge se tortille
Sombre et minutieuse comme une ancolie 1
Même si parfois les yeux t’en tombent


Comme un enfant qui dort
Tu poursuis dans ta tête les belles formes d’art
au malheur exercées,
Du côté de chez Proust 1 relisant Baudelaire 2

Au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau 2

AU RYTHME DU CINÉMA MUET





Rythme poétique et saccadé
(comme au cinéma muet)

Tentative de déchiffrer l’informulé
(selon Charles Baudelaire)

Images fantasques passées comme le couteau
(sans manche auquel il manque la lame) 1
à la meule à eau symbolique

Images forgées par mes chers amis Montaigne et Brassens
Pour essayer d’oublier leurs coliques néphrétiques

(pour Georges soudain la lune écoute aux portes 2
et c’est vivre à propos qui importe à Michel)

Le reste de mon propos manque…
(ou c’est, qu’à la lettre, il s’est volatilisé)

1 Lichtemberg  2  un roman de Brassens autoédité à 50 exemplaires en 1947

BÛCHER





Faire quelque chose de rien et surtout Tout savoir suprême non-sens.

Paul Valéry


Je bûche des bouquins du temps d’Hugo, de Baudelaire

Je ne suis rien, je le sais, mais je compose mon rien, avec un petit morceau de tout.

Rien n’égale en longueur les boiteuses journées
Quand…l’Ennui fruit de la morne incuriosité
Prend les proportions de l’Immortalité

J’ai de quoi avec ça m’occuper longtemps
à ricocher
à composer, à mon tour
et depuis ma modeste place,
une petite pièce, bribe, esquisse, 
écrites avec une insatiable curiosité.

La poésie des mots venus de rien,
Qui se languissent sur ma page ;
Des mots qui boitent,
Toc, toc, toc.

(La poésie doit être faite par tous. Non par un.
Pauvre Lautréamont, tic, tic, tic, tic.)

La poésie des cris des martinets,
que mon père appelait les faucilhs.
Tout un poème,
Troué d’un air d’azur
Qui vire au noir
Quand vient la mort.1


1 Noël Dorio (03/12/1912-03/12/199)


Martigues 03/12/2021