L’ÉTHIQUE D’UN POÈME

Os antiguos invocavam as Musas
Nós invocamo-nos a nós mesmos.

Alvaro de Campos alias Fernando Pessoa

Les Anciens invoquaient les Muses
Nous, c’est nous-mêmes que nous invoquons.


de la vie de la mort
de l’esprit et du corps
naissance d’un poème

de Rimbaud ma Bohème
un pied près de mon cœur

de Baudelaire aimer à loisir
au pays qui n’existe que sur la page
de l’Invitation au voyage

Aimer et mourir 
Subsumer notre mort
Dans la maison où souffle
L’Éthique d’un poème :

les mots pour le dire
le sujet et ses hétéronymes
le monde qui s’imagine




SONNET SUR LE MINUIT LUGUBRE





« Bien que ta tête, - lui dis-je, - soit sans huppe et sans cimier, tu n’es certes pas un poltron, lugubre et ancien corbeau, voyageur parti des rivages de la nuit. Dis-moi quel est ton nom seigneurial aux rivages de la Nuit plutonienne ! » Le corbeau dit : « Jamais plus ! »   Le corbeau Edgar Alan Poe traduit par Baudelaire 


Sur la ligne de rhumb
Vertige circulaire
Rimes errantes
Sur la noire aire

Au vent affetuoso
Des runes et des fuseaux
Sur la ligne du rhombe
Qui fait tourner le monde

La peau du monde de l'homme méditant
Sur le minuit lugubre
Ses fleurs du mal qu’il élucubre

À son bal tournoyant
Pour prendre soin de sa Muse
Voluptueusement  

PRUDEMMENT « caute » (reprise du poème 1)





Je reprends le poème
Mais c’est pas gagné

Je reprends le suspens
Prudemment caute

Je n’ai nulle envie
De me faire spoiler

Je reprends Je reprise
Je refais une blague

À la page vierge
Au lecteur hypothétique

Je refais le coup
Non de l’hypocrite lecteur baudelairien
(mon semblable mon frère)

Mais du lecteur blasonné…
Fol lunatique Fol erratique
(…par Rabelais)

C’est peut-être pas la forme olympique
Mais cette reprise m’a donné des idées

(Prudemment Caute)*



*c’est dans le sceau de Spinoza qu’on peut lire cette devise latine 




ENIVREZ-VOUS ! (suite)









Cet enfer marchand

Tout s’achète Tout se vend

La fricassée de l’âme

Avec son automobile





Cet enfer marchant

Sur l’éducation et la santé

L’art et la créativité

Métamorphosant les individus

En consommateurs zombis





Cet enfer du Tout Économique

Et de leurs hommes de main

Thuriféraires offrant l’encens

Aux dieux de la Bourse

Et du Produit Intérieur Brut





Cet enfer qui te prive

Des ressources infinies

De ton for intérieur

Qui t’interdit de goûter

L’art vivant du théâtre

Où les paroles sont plus fortes

Que tes actes privés





Tes actes privés d’amour de vin

De poésie de liesse et de l’ivresse

Baudelairienne…Enivrez-vous

Pour ne pas être les esclaves martyrisés

Du Temps…et du discours marchand !









Enivrez-vous JJ Dorio dit C. Baudelaire

	

POÉSIE FEINTE POÉSIE VRAIE









la véritable poésie est la plus feinte




La véritable poésie est la plus feinte

Feintes, mots changés en images de belettes

ou de chameaux, comme la forme des nuages,

Songe une nuit d’été le personnage de Hamlet.





Poésie au couteau sans manche et sans sa lame

Lame de fond changée en étoffe lamée

D’hyacinthe et d’or le monde s’endort

Hypotypose Ordre et Beauté là, mais.





Et que dit le silence entre deux quatrains

Quand on secoue avant la reprise

le kaléidoscope de nos figures ?





Tableau en trompe l’œil

Anamorphoses.

Tant va le vers vers sa métamorphose

Qu’à la fin il s’envole ou se brise.





Italiques Baudelaire