QUAND JE M’ENNUIE LA NUIT

Quand je m’ennuie la nuit

Entre mes murs tout nus
Blancs comme linceuls de neige
Et que n’ai-je alors le pouvoir
de me désennuyer
en peignant la Joconde
ou en chantant les vers inspirés
d’Alcools Bergère o Tour Eiffel
ou des Fêtes galantes
Que vont charmant
Masques et bergamasques

Et voilà le résultat
Pas fameux un peu fumeux
Mais j'ai peint le passage
Avec ces vers d'oreilles
Écrits sur l'oreiller
Dans cette chambre à soi
Oû les phrases partent en voyage
Me suis-je dit Ai-je pensé
En songeant à l'essai de Virginia Woolf (la suite manque)

IL PLEUT


Il pleut tout à petit patapon PROUST

Il pleut c’est pas la faute à moi BREL

Il pleut
Il pleut 
Il pleut
Il pleut
Il pleut
Il pleut
C’est le clinamen de Queneau Que d’eau !

Il a plu toute la journée « sans discontinuer » 
m’a téléphoné ma petite mère

					Il pleut ces lignes sur mon papier

Il pleut sur Nantes BARBARA

La pluie fait des claquettes NOUGARO

Il pleut à verse rue de la Bergeronnette
Sur mon piano mouillé
Je chante à tue-tête
Il pleut il pleut bergère









J’ÉCRIS opus 22





J’écris comme Jean Jacques Dorio

rencontré naguère dans un atelier

où l’écriture ravageait nos vies en poésie





J’écris travaillant l’écriture au corps

Traversé de haïkus et d’aphorismes

J’écris sur le court d’un tennis

Marqué à tout jamais par l’empreinte

du champion Bjorn Borg :

La balle est ronde

Le jeu est long





J’écris long renvoyant dans les cordes

les jeunes hommes pressés

et les jeunes filles en fleur





J’écris de ci de là

en ne pensant qu’à ça





J’écris sous les combles

Sous un vasistas

Où la lumière pleut

(et neige parfois)





J’écris en imaginant Bartok

écrivant ses partitions des Microcosmes

J’écris créant ce microclimat

propice aux pages d’écriture

faisant la navette entre micro et macrocosme





J’écris dans un camping-car Volkswagen

Qui m’a mené naguère

(avant la prise de pouvoir par les Ayatollahs)

Jusqu’à Téhéran





J’écris en oubliant d’écrire souvent

J’écris en me jouant du temps

J’écris en le laissant filer

Ou en l’arrêtant





J’écris sur une table Louis Philippe

ronde en noyer

trouvée sur le bon coin





J’écris sur du papier clairefontaine extrastrong

acheté à Bureau Vallée





J’écris sans confondre mes textes quasi bibliques

avec les bibelots abolis du bon Mallarmé

J’écris avec et contre les sonnets en X

les phrases incises et les ellipses





J’écris sans l’ombre d’un bruit

exceptée cette langue qui caquette

et qui bruit





J’écris sans réfléchir une première ligne qui déclenche le reste

J’écris anche en songeant à mon ami Rambour qui habite rue Franche

J’écris France du nom d’une bergère rencontrée en Mai 68

J’écris Bergère Ô Tour Eiffel

comme Guillaume Apollinaire





J’écris cette aubade inachevée