COMME SI COMME ÇA fantômes de papier sur le chemin des indiens morts





Comme si comme ça

Sur le chemin des indiens morts*

Je cherche toujours mon Eurydice

Faisant le tour des jours et des nuits

En quatre-vingt mondes

Mais comme mes pas perdus

les pages de ma bibliothèque universelle

sont décousues





Il y nage un bestiaire peu commun

Dont ce matin les axolotls

Aux yeux d’or et au petit visage aztèque





Il en sort des personnages

réduits à « l’insubstance »

des fantômes de papier

Comme ce faux Perec

montant son livre d’une vie

sans mode d’emploi





 C’est un monteur d’images  faisant son cinéma

qui m’a suggéré ce dernier trait

Comme ça comme si

Son nom est Personne

Ou bien Monsieur Souci





*Michel Perrin (sur les mythes des indiens Goajiro)

Les axolotls m’ont été « donné » par Julio Cortázar

cette nuit le premier jet était brouillon

COMPOSTELLE





Je n’ai pas fait le chemin de Compostelle

Avec un solide gourdin pour éloigner les chiens.





Je n’ai pas été jongleur, marionnettiste,

Encore moins dompteur de puces ou artiste.





Je n’ai pas fait mes classes de conscrit

Ni joué de l’orgue de Barbarie.





Je n’ai pas connu le zouave du pont de l’Alma

Ni fait le compte de mes joies et de mes peines

Sous le pont Mirabeau de Guillaume Apollinaire.





Je n’ai pas fauché le vent

Comme le jardinier des Misérables.





Je n’ai pas planté mes choux dans « mon jardin imparfait,

nonchalant d’Elle » : la mort, la mort, toujours recommencée.





Je n’ai pas écrit de sonnets pour Cassandre,

Ni de recueils de vers pour « les oreilles d’Amarante. »





Je n’ai pas écrit Paroles ni Les Amours jaunes

Mais cette litanie,

Oui.





Montaigne pour son « jardin imparfait »,

Pierre de Marbœuf pour « Les oreilles d’Amarante »

et quelques autres faiseurs de rimes et de proses.

LA PREMIÈRE LIGNE





La première ligne

Nous ouvre un nouveau sentier

Elle est fortuite inattendue





C’est un pas dans la cendre

De nos déserts de nuit

Ou bien le premier rai du soleil

Qui fait lever l’aurore





Une poussée de glyphes

d’un calligraphe, en attente

de la direction,

que va lui indiquer le chemin :





Caminante no hay camino

se hace camino al andar.

Antonio Machado

une poussée de glyphes
Dorio 18/11/2020

la première ligne

TOUT UN POÈME





J’aime la simplicité des relations humaines

et la complexité pour soi

qui cherche 





Que sais-Je ? interrogeait Montaigne

J’ajoute et ne corrige pas

 

J’ajoute

Je ne rature pas





 Certitude du matin devient incertitude du soir

et dans la nuit – souvent – j’y vois plus clair





Caminante no hay camino el camino se hace al andar*

Ce petit chemin qui n’existe qu’en le faisant

Tout un poème !





*Antonio Machado

« Le seul chemin qui vaille c’est celui que l’on découvre en marchant » JJD


	

UN PEU DE TERRE

4

Un peu de terre sur le cercueil

Un peu de terre sur le sapin

Un peu de terre épicéa

Un peu de terre et puis ça va





Un peu de terre pour la campagne

Un peu de terre pour sa compagne

Un peu de terre sur ton chemin

Un peu de terre donne-moi la main





Un peu de terre au bal champêtre

Un peu de terre valse et toupie

Un peu de terre fox trot matchiche

Un peu de terre l’homme est d’argile





Un peu de terre fourmi cigale

Un peu de terre vers à deux balles

Pour la morale

Faudra attendre Encore un peu

Dit le poète in fine

(il n’a pas osé écrire confiné)





28/03/2020

02h44