Dans ma poche il y a de petits morceaux d’argile de la Goajira
Une indienne au visage peint en noir nous fit ces petites formes à tête d’oiseau
Sans mains sans pieds
Mais avec une assise callipyge

Il y a aussi ces fragments d’os de seiche recueillis sur notre plage de Fos
que j’ai recouverts de signes que tu appelais mes chinoiseries

Il y a tes dernières paroles que tu m’écrivis les yeux humides
sur le canapé un matin de ce printemps maudit
Il y a tout ce que je suis en train de rassembler pour te reconstruire
Et qui m’échappe à jamais
Dans ma poche
Sur ma page
Dans ma tête ouverte à tous les sens
Et qui brise les cadres de ce pauvre petit texte
Sans voix
Sans toi