CETTE DOUCE HABITUDE DE LA NUIT

Vivimos descubriendo y olvidando

Esa dulce costumbre de la noche

Hay que mirarla bien Puede ser la ultima

Borges (La cifra)

Vivre la nuit en racontant sur un bel espace blanc, (le dos dune couverture de livre et sa quatrième), ses mille et une facéties, ses manières de façonner les rêves dune bibliothèque inépuisable. Borges prétend que les volumes quelle comprend « dépassent » celui des astres ou des grains du désert de sable (il ne précise pas lequel).

Vivre la nuit en désertant lHistoire « avec sa grande H » selon la formule assassine de Perec, en prenant le risque de suggérer par comparaison la sienne, sa propre histoire minuscule, sujette aux caprices et aux hasards, aux chaos et cahots, dune vie que dautres qualifient de « sans histoire ».

Vivre la nuit de ses lectures de livres sur le Temps qui ne dort pas, sous peine de mourir le jour venu, dans une phrase que nul ne comprend.

Vivre la nuit se racontant Ulysse, l’Inventif et Shéhérazade « dont la nuit 602 est la plus magique de toutes», écrit en son miroir, l’auteur du Chiffre et de l’Or des Tigres. La nuit 602 qui, naturellement, n’existe pas plus que la mille et unième, chacune étant une histoire à part qui n’a que faire de ce découpage fictif.

Vivre la nuit, mise en abyme, fondue dans ce bel espace blanc où se manifeste une énergie (le caractère shenqi en chinois), le conatus de lÉthique, le subconscient à lœuvre, formes entrevues qui, dans un second temps, sont susceptibles de devenir conte, récit, voire poème dédié à la Nuit.

Nous vivons découvrant et oubliant

Cette douce habitude de la nuit

Regarde-la bien Cest peut-être la dernière

 » Le chiffre » (ma traduction)

https://www.leseditionsdunet.com/livre/un-dictionnaire-part-moi

DAHLIA

Sabres cachés dans les sables du Sahara
Ah ! ça ira ah ! ça aura
l’air d’un désert
sans palmeraies
pour prendre date

J’ai reçu jadis une carte postale de Ghardaïa
Sans un mot
Avec juste la trace d’un doigt passé sur la terre ocre
Et une signature 
Dalhia

Je l’avais connue ailleurs
Sous un manguier des Amériques
Où les fruits sauvages laissaient des fils entre nos dents

Dalhia ton nom n’en finit pas de hanter cette fable offerte
Aux amoureux des lettres que l’on se remémore
Mais que l’on a définitivement perdues


LIRERÊVER





Cette nuit qui n’en finit pas

j’ai retrouvé des notes écrites en 1973

Pour le plaisir

Des notes sans phrases ni phraséologie

Écrites dans la rue

Au café du Départ

Dans mon hamac tissé par une amérindienne

Loin du logis

Amorces mouvements

Histoire de laisser libre cours

à tout ce qui n’était pas théorie

LireRêver

Rêver à haute voix

De ce qui parle dans la tête

En lisant les paroles rapportées

Des peuples sans écriture

Autant dire

À partir du désert

De notes écrites

par jeu

et par un je anachronique

LA PREMIÈRE LIGNE





La première ligne

Nous ouvre un nouveau sentier

Elle est fortuite inattendue





C’est un pas dans la cendre

De nos déserts de nuit

Ou bien le premier rai du soleil

Qui fait lever l’aurore





Une poussée de glyphes

d’un calligraphe, en attente

de la direction,

que va lui indiquer le chemin :





Caminante no hay camino

se hace camino al andar.

Antonio Machado

une poussée de glyphes
Dorio 18/11/2020

la première ligne

ON FAIT TOURNER LE MONDE

 

ON FAIT TOURNER LE MONDE en 365 poèmes par an
Touriste à Paris des Passages inspirés
Photographe à Martigues de mon petit bois de pin
et à Aix en Provence de la Fontaine des Quatre Dauphins
 
On m’a dit que j’étais né dans une petite maison
située sur la place de l’église d’un village de l’Ariège
 
On fait tourner les jours du monde dans la péninsule arabique
en feuilletant le livre d’un poète amateur de Genèses
 
La mienne commencée au printemps 1945
se poursuit dans la bonne humeur
dès que chaque matin je remonte la lampe martelée
de ces griffes d’or et de l’humus nécessaire
à faire se lever les textes du désir…dans le désert