CAHIER D’OREILLER

102   UNE PAGE -Ce n’est pas aujourd’hui que tu finiras cette page me dit l’Un. – Finir de la lire, peut-être pas, mais en commencer une, en vis-à-vis, oui. Le corps étendu, j’ai sous mes yeux « Notes de chevet », Makura no sôshi, fragments écrits vers l’an mille (« quand les cathédrales étaient blanches » !) par Sei Shônagon, une sublime dame qui écrivait en secret dans une pièce du palais de l’Empereur du Japon.  Cahier d’oreiller, je préfère ce titre. Moi aussi en cette position je collectionne les choses rares, celles qui donnent une impression de froid ou de chaleur, les choses embarrassantes, celles qui ne servent plus à rien mais qui rappellent le passé, les choses agréables ou désagréables à voir, celles qui épuisent l’art de raconter. (la suite manque) Le livre d’une vie En mille et un fragments JJD texte en cours

UN TEXTE PAR TROP NÉGLIGÉ

UN TEXTE DE NUIT PAR TROP NÉGLIGÉ Réveil de nuit Plutôt que de gamberger dans le noir absolu Je prends la plume sous ma lampe de chevet Pour aller où elle me guidera Même si parfois je ne sais plus où je vais J’erre sur l’aire d’une surface blanche Pour un peu je badauderai en me faisant clown pour l’amour d’une écuyère du cirque Médrano Voilà je range plume et cahier J’éteins les feux et je réfléchis dans la nuit retrouvée comment je pourrais transfigurer en un poème ce texte par trop négligé

TROIS SETS DE NUIT





C’est la nuit avancée
Bientôt cinq heures

J’ai fait un premier set 1
Autour de minuit
Où j’ai poursuivi lisant mes livres de chevet
la pensée prolifique de mes êtres de papier

Un second vers trois heures
Où j’ai écrit un poème
À pas de mouche
et quelques aphorismes

Maintenant c’est la troisième manche
Où vont se refermer (l’heure aidant)
les portes de l’insomnie

Après le dernier somme
(s’il vient)
J’aurai la chance en ouvrant mes volets
d’apercevoir 
la mer en allée
avec le soleil 2
(naissant)

Et à nouveau commencera ce jour
Où jouant avec l’éternité
Je boirai le temps
À grande gorgée 3


1 partie d’un concert de jazz 2 Rimbaud 3 Abbas Beydoum (Libanais né en 1945)

TROIS TRESSES DES JOURS ANCIENS

Quatre roues de fortune
L'une pour le midi
Et l'autre pour Janus
Autour de deux soleils
Le noir Nerval
Le rouge Hugo

Hourrah!
C'est l'alliance des contraires
Voix intérieures
Sautant le mur
Des prouesses des poésies


15 mars 2015
3h16

*

Tu ratisses des soupirs
Pour réveiller tes feuilles vierges
Pour les éclabousser du rouge
Des cerises premières

Ton jardin est une crique
Sel de la terre

Tu ratisses aussi des rires
Des mouettes qui tournoient
Dans l'orbe de tes syllabes

13 mai 2015
5h41

*

à ton chevet
ton cheval
à pied d'oeuvre
manquant à chaque ligne
de dérober
dans la fange ou le roc
l'étincelle des sabots
ou l'empreinte de l'argile
adamique


28 juillet 2015
1h57

ces poèmes ont été publiés dans la revue La Passe
en 2015