LETTRE ART BRUT D’UN MORALISTE JOYEUX

premier jet
brut
comme on dit
d’un vin de Champagne

Jean Dubuffet                                                                                         Jean Jacques Dorio

à Florence Gould                                                                                 à l’Asphyxiante Culture





LETTRE ARBRUT

D’UN MORALISTE JOYEUX





Je vous assure que la copie à la main est la chose la plus agréable qui soit pourvu que l’on n’oublie pas de s’appliquer comme un gamin

Je vous assure qu’il n’y a rien de plus original que de dérouler ainsi les lettres les mots les accents et les signes diacritiques

Je vous assure que l’on peut simultanément affirmer tout son contraire et une troisième manière que je nommerais faute de mieux la troisième dimension

Je vous assure qu’il n’y a rien de plus asphyxiant qu’un musée rien de plus stimulant rien de plus inquiétant

Je vous assure que j’ai oublié chemin faisant ce que je voulais vous rapporter d’Égypte (Maat déesse de la balance me dit le livre que j’ai ouvert pour me venir en aide)

Je vous assure que les épidémies ça me connaît la peste puisqu’il faut l’appeler par son nom avec ses gens aux longs becs de noir vêtus soufflant leur poudre de perlimpinpin pour conjurer le mal attribué naguère à la punition divine

Je vous assure qu’ « il m’est doux en cette mer de faire naufrage »* avec la sensation d’échapper à l’asphyxiante in/culture qui perd les gens du commun et les individus riches capitaines d’industries Titanic

*e il naufragar m’è dolce in questa mare (Leopardi)

Je vous assure que je suis fort de ma vulnérabilité fragilité perte d’un être qui m’était le plus cher au monde

Je vous assure que l’absence de démesure et la conscience des certitudes basées sur l’ignorance me permettent de poursuivre cette écriture chancelante mais résolue

Je vous assure que c’est la mouvance et non la fixité qui doit devenir l’élément de mire de la pensée son objet constant

Je vous embrasse joyeusement

Jean Dubuffet

alias JJD





source plagiée

Lettre de Jean Dubuffet

à la mécène Florence Gould

dans les années 60 (siècle XX)

fac-similé de la lettre de Jean Dubuffet
JE VOUS ASSURE QUE LES MUSÉES
SONT LA CHOSE LA PLUS DÉTESTABLE QUI SOIT

NI TROP NI PEU LA MORT N’Y MORD

Clément et Jean Marot
Pauline et Jean Jacques Dorio
manuscrit premier jet
entouré d’hypnographies




à Pauline Dorio

ma fille qui sur la question

en connaît un rayon





Ni trop Ni peu

était la devise de Jean son père

Clément choisit

La mort n’y mord

On regrette qu’il n’y eut point de troisième poète

dans la lignée des Marot

Une fille pourquoi pas de préférence

La belle Flora

Belle flour a





Ailleurs il nomme sa dame

Ferme Amour

Un oxymore vénérien

Mais qui n’a rien à voir avec la maladie

Il s’agit bien sûr de vénérer la déesse Vénus





Ainsi est venue cette page

Songeant au beau page cadurcien


	

T’ES UN DORIO

T’es un Dorio drôle d’oiseau un rossignol qui vit la nuit sous la fenêtre d’une princesse à l’agonie

T’es une caille dans le maïs vaille que vaille vit au païs de quelques graines

de bon sarech le mot local

T’es un hibou qui fait ses plumes à la lumière imaginaire d’une souris couleur de lune

T’es un grand duc avec ses cornes et son château de troubadours

qui font des vers en lengo d’oc

T’es un loriot évidemment de neuf plumettes dans le grand vent

qui les arrache l’une après l’autre

T’es le Dorio qui fit ses vers tétrasyllabes pour les offrir

au rouge gorge qui les avale