MATIÈRE À POÈME


C’est de l’or et du purin
Le sable fin des pavés
La Commune utopique
Le sang versé par les Versaillais

C’est ma communale
Mon école accordéon
Des apprentissages rêvés
Et d’une vita nova

C’est ce qu’il nous faut creuser
Malgré tous nos déboires
Cherchant à y voir clair
Face à ce qui se dérobe*

C'est maintenir nos petits dispositifs
Qui font de l’écriture d’un poème
Mille ajustements créatifs
Où le corps en action
Élève notre esprit

*Henri Michaux

J’AI BEAUCOUP CONNU

J’ai beaucoup connu
les rideaux de la pluie
la femme au fagot de lune
les arbres changés en statues de sel
J’ai connu la tempête de Shakespeare
jouée dans un verre d’eau
les fourmis rouges boulotant
le calendrier des postes
les dés jetés depuis le pont de Manhattan
J’ai connu les fleurs
absentes de tout bouquet
et la bâtisse d’école
où j’allais sur le dos d’un chameau
apprendre l'A.B.C.
s’il vous plaît

Martigues 1er décembre 2023

J’AI CONNU AUSSI

805  AÑORANZAS PORTEÑAS J’ai vu la pampa Non au petit trot du cheval de Jules Supervielle Mais du haut d’une avioneta qui tanguait dangereusement J’ai connu la bise du 14 juillet 1970 qui s’engouffrait dans les rues de Buenos Aires J’ai parlé le lunfardo des porteños avec une compañera rencontrée dans un bar de la rue Sierpes (le livre de Borges sur l’argot de la capitale sous les yeux) Vous pouvez en douter Vous qui me lisez dans les villes de l’Europe sans gauchos montant à cru Jurant à lasso raccourci Dans le coral de l’estancia disparue proche proche du mot saudade,(vague à l’âme, nostalgie), le mot añoranza est impossible à traduire

Le livre d’une vie Une autrebiographie En mille et un fragments JJD en cours d’écriture

L’ENCRIER

L’encrier brisera les canons

Victor Hugo

Je n’use plus de l’encrier qu’en l’écrivant sur mon papier
Encrier disparu sans crier gare 

Je me souviens que certaines nuits à force d’y tremper ma plume sergent major
Son encre devenait sang noir

Comme la bonne "sanquette" des hussards noirs
Instituteurs porteurs de République et de Laïcité

L’encrier en porcelaine blanche était posé dans un pupitre d’écolier
C’était le bénitier de la seule église que j’ai fréquentée 

TU TE SOUVIENS DES PROBLÈMES DE TRAINS ?





– Tu te souviens des problèmes de trains ?

– Pas très bien.

– Mais oui rappelle-toi, c’était pour nous embrouiller quand nous naviguions de conserve à la petite école.

Ils partaient de deux villes éloignées, ils ne partaient évidemment pas à la même heure, ils roulaient à des vitesses différentes, ridicules antétégévé. Et la question était « À quelle heure doivent-ils se rencontrer ? ». Tu percutes ?

– Ça me fait penser à la rencontre accidentelle d’un poète et de son dernier lecteur. 

– Puis, après les trains, il y avait les problèmes des clous que l’on enfonçait dans des planches de différentes épaisseurs, pin, chêne ou épicéa, etc.

– Arrête tu vas me faire devenir marteau !





Dialogues intérieurs XVIII