JE LIS DES POÈMES

Je lis des poèmes sortis de derrière les fagots

Je lis des poèmes attachés aux cornes d’un taureau

Je lis des poèmes en mâchant l’herbe blonde de l’altiplano

Je lis des poèmes de Condor cassant les os des vigognes

Je lis des poèmes de poupées gigognes

Je lis des poèmes à l’enfant qui pleure la mort de Pacha Mama

Je lis des poèmes sur les murs de Mai Mai Mai Mai Paris Mai

Je lis des poèmes à la lune faucille et à la petite vieille de l’Ehpad devenue marteau

Je lis des poèmes aux saules et aux lézards sur ma page-pleuroir

Je lis des poèmes de chamans faisant leurs demandes aux Esprits du Monde Autre

Je lis des poèmes maladroits comme écrits au lance-pierre

Je lis des poèmes du Monde Entier au cœur d’une planète à feu et à sang

Je maintiens vaille que vaille le mouvement millénaire des Alchimistes d’un Verbe

toujours à réinventer

CE QUE N’EST PAS UN POÈTE

CE QUE N’EST PAS UN POÈTE (suite sans fin)

Un poète n’est pas un marteau sans maître
Un poète n’est pas un maître des horloges
Un poète n’est pas un allumeur de réverbères
mais il s’y pend parfois ridiculement (selon Mallarmé)
Un poète n’est pas un polisseur de lentilles
Un poète n’est pas un chasseur aux aguets
(un peu tout de même)
Un poète n’est pas une coulure de Jackson Pollock 
Un poète n’est pas un Illuminé qui se noie dans la flache du Sieur Rimbaud
Un poète n’est pas un petit cheval ariégeois de Mérens dessiné dans le salon noir de la grotte de Niaux
Un poète n’est pas un sourd qui parle aux muets
Un poète n’est pas un spoil à gratter
Un poète n’est ni ange ni pource
Un poète n’est pas la mère la mer toujours recommencée
Mais peut-être devrait-il
Mais peut-être devrait-elle


TU TE SOUVIENS DES PROBLÈMES DE TRAINS ?





– Tu te souviens des problèmes de trains ?

– Pas très bien.

– Mais oui rappelle-toi, c’était pour nous embrouiller quand nous naviguions de conserve à la petite école.

Ils partaient de deux villes éloignées, ils ne partaient évidemment pas à la même heure, ils roulaient à des vitesses différentes, ridicules antétégévé. Et la question était « À quelle heure doivent-ils se rencontrer ? ». Tu percutes ?

– Ça me fait penser à la rencontre accidentelle d’un poète et de son dernier lecteur. 

– Puis, après les trains, il y avait les problèmes des clous que l’on enfonçait dans des planches de différentes épaisseurs, pin, chêne ou épicéa, etc.

– Arrête tu vas me faire devenir marteau !





Dialogues intérieurs XVIII