PAISIBLE ET BUCOLIQUE

J’écris sur l’écran

Le nouveau papier

Où s’inscrivent

Les perles rares

Les perles confites

Les perles qui font

La peau au temps

Qui déjà fait entendre

Son quart de siècle

Dans les sonnailles

Des brebis portant

Leurs agneaux nouveaux

Et le tohu-bohu baudelairien

D’un monde qui se défait

Perdant ses liens

Paisibles et bucoliques

Pour la guerre à outrance

Des poutinotrumpiens

ÉCRIRE SANS MOTIF


Écrire sans motif
Sur le motif

Écrire sans modèle
Un court instant
Un texte toile d'araignée
Mis sur le métier

Écrire (sans image
dans la tête)
des broderies
sorties du chaos

Écrire sans y penser
En lisant le livre
de l'Intranquillité

Les yeux fermés

Titre original : Livro do Desassosego por Bernardo Soares (un hétéronyme de Fernando Pessoa)

VIVRE TOUT UN LIVRE

De vivre je fais tout un livre

Je ne devrais pas l’écrire

Mais le dire dans le noir

Sans qu’il y ait de témoins

Histoire d’amortir les chocs

Avec le réel et la réalité

Qui me font pan sur le nez

Ça saigne un peu évidemment

J’éponge avec du coalgan

Et je laisse mes phrases velleitaires

Brûler dans l’atmosphère

C’est ça vivre au cœur d’une langue

Un langage qui vient tout seul

Sans qu’on le cherche ou le demande

LES VERS SONT UN ART DIFFICILE

Je rêve que j’écris des vers

Je les vois je les pressens

Le Je les mots et l’univers

Je fais des lignes par cent

Ces vers venus en ce moment

J’ignore ce qu’ils vont vous dire

Je ne sens c’est mon sentiment

Que le besoin de les écrire

Ainsi faisait La Motte

Dit parfois La Motte-Houdar

Il me plaît de lui rendre hommage

Tirant ici ce dernier dard

BOUTS DE TEXTES

Je perds sans cesse des bouts de textes

C’est ainsi écrire et perdre

Comme un tissu qui s’effiloche

Accrocs de l’espace et du temps

Bon vent mauvais vent

Quand les absents ont toujours tort

Et les présents s’amoncellent

Sous le sapin des souvenirs

On regarde la vague

Et l’on se dit que les guerres prolifèrent

Les fracas des haines emportent au loin les enfants

Alors nous pleurons sans larmes

En attendant l’aurore

Danielle Nabonne

Pour Poésie mode d’emploi