MAILLES À PARTIR

Comme une encre de Victor Hugo

Photographie d’un crépuscule

Danielle Nabonne

Ozon 6 mars 2024

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Les nuits d'Hugo
Ses vieilles encres
À contre-jour
À contre-temps
Je ne sais plus où
Je ne sais plus quand
J'ai relevé l'ancre
De ces bouts de textes
Pleins d'accrocs
Et de promesses
Molakana
Coudre ce monde
Ses déchirures
Mythes brisés
Qu'une écriture obstinée
Essaie maile à maille
De réparer

Danielle Nabonne
Jean Jacques Dorio
Martigues 9 mars 2024

MOLAKANA Molas tissées par les indiennes Kuna des îles San Blas au nord du Panama Michel Perrin Tableaux Kuna un livre d’art et d’ethnologie (Artaud 1998)

MAILLES À PARTIR

Laissons passer les mots.
Laissons couler les mots de sable.
Partir c'est donc aller vers les mots.
Leurs mailles à partir.
(ici dans le sens de "partager)
André Bellatorre
À partir de quelques mailles
Préface à la suite de la lecture de
Paradiso Diaspora
& autres mailles à partir
Jean Jacques Dorio
publié par Henri Heurtebise
Multiples 1998

L’EMPLOI DU TEMPS DES NUITS

L’emploi du temps des nuits où nous veillons solitaires Chacun et chacune devant les rumeurs du monde les collectes de phrases les phares des calligraphes les encres et les couleurs projetés sur la toile les musiques tissant l’étoffe de nos rêves

Lemploi du temps à travers le temps présent où la foule est coupée de la voie des poèmes qui vont et viennent sur nos peines et nos joies les silences de tout ce qui est trop difficile en paroles

Lemploi du temps à lécart à lécoute de nos cocons de mots où lon puise lénergie qui font nos manuscrits toujours inachevés Ondulations arborescences brouillons épars sans ratures ni repentirs

Et tout le reste est littérature

Ainsi se termine la série commencée le 26 juin 2022 sous le titre POUR OUBLIER MAUX ET VIEILLESSE et terminée cette nuit du 17 septembre 2022

SANS REPENTIRS NI RATURES









Emploi du temps des nuits où nous veillons solitaires

Chacun et chacune ruminant devant les nouvelles du monde

Les collectes de phrases

Les phares noirs des calligraphes

Les encres et les couleurs sur toile

Les musiques et leurs partitions alimentant la matière de nos rêves





Emploi du temps à travers ce temps présent

Où le public culturel (dont on nous bassine les oreilles)

Est coupé de la voie des poètes

Ces « inconnus célèbres »qui vont et viennent

Essayant de déchiffrer les plaintes et les joies

Des voix des médias et des rues

Et qui n’oublient l’inflexion des voix qui se sont tues





Cherchant inlassablement dans le plus grand silence

Ce qui, impossible de dire en paroles,

Doit passer par l’écrit





Emploi du temps en attente

À l’écoute à l’écart

Où nous puisons notre énergie

Dans ce cocon de mots

Qui font nos manuscrits

Toujours inachevés





Ondulations arborescences

Brouillons épars

Sans repentirs ni ratures

Et tout le reste est littérature