UNE SEMAINE DE BONTÉ À ORSAY





Devant les tableaux des musées

Je me mélange les pinceaux

Me voilà au Canal Grandé

Femmes rousses montent l’escalier

Un chien passe sur une barque





Assis sur le quai une personne

Me fait penser à Pessoa

Allez savoir c’est peut-être

Kafka ou Visconti On meurt

Tous à Venise ou à Pom

Péi





Petit pays mental

Sorti d’un collage de Max

Ernst Sa «semaine de bonté »

Qui n’a rien d’une enfant de chœur

Portant l’encens des morts d’Ormans





Et pour l’Amour à un poil près

C’est au sous-sol que s’origine

Le monde caché de Courbet

C’est le sourire de Vénus

Que Lacan l’œdipien acquit

Avec l’argent de ses curistes





Mais de tout cela les artistes

Exposés à Orsay n’ont cure

Leur toile blanche les attend

Toujours toujours recommencée


	

POÈMES SUR LA TOILE









Mes poèmes sur la toile, « postés » dans l’immédiateté,

sont, pour le moins, « anthumes »,

selon la plaisanterie d’Alphonse Allais.





Sur « poésie mode d’emploi »,

de textes posthumes,

il n’y aura pas.





C’est dire la minceur de mes traces,

à la merci d’un simple clic,

qui, après mon dernier couac,

s’en iront comme fétus,

sur l’océan des sites

externalisés.





Mais au moins sur cet espace,

qui jour après jour annonce la couleur « poésie »,

aurai-je jusqu’au bout témoigné.





De quoi exactement ?

Bêtise serait de prétendre le savoir.





11/02/2021

TOILE SUR TOILE
Trois fragments
glanés sur "poésie
mode d'emploi"

 
 Un cri nu sur la toile
 L’oiseau sort d’une goutte de sang
 La nuit tourne ses pages
  
 *
 Un petit feu d’ardoise
 Maintenu mot à mot
 La craie de l’écolier
 Le stylo noir qui grince
 La source d’un autre âge
 Le rossignol des pièces
 Sur cette scène autre
 Où l’on tend la toile
 D’être et de n’être pas
  
 *
  
 Avant de souffler la bougie
 Je jouerai de l’harmonium
 Dans une toile de Chagall
 Et j’écrirai mon dernier poème
 Le visage entouré d’abeilles
  
 *