UNE RENGAINE EN UT MINEUR

écrit tel quel




Jour après jour

S’en vont les jours

Nuit après nuit

Passent les nuits

Jour et rejour

Nuit et renuit





Faire et refaire

Deux fers au feu

Et laisser dire

Dire et redire

Passer le temps

D’un jour sur l’autre

Faire un présent

À ses copains

À ses copaines

Un mot qui fourche

Une rengaine

En ut mineur

Sur le piano

Et ses bretelles

Autour du cou

Autour des cœurs

Sur le carreau

Où l’on impro

Vise la nuit

Cette écriture

Soufflerie

Que les copistes

Du parchemin

Vont reproduire

Et transformer

En palimpseste





Nuit après nuit

À la chandelle

D’une bougie

Qui fait bouger

Nos certitudes

Sur le papier

Accordéon

Avec arrêt

Prolongé

Par Husserl

Le phénomo

Logiste





Nonobstant

Ce seul présent

Cadeau du temps

Correspondances

Plumes en l’absence

De nos épîtres

Pour clore enfin

D’un coup de langue

L’enveloppe

De nos mémoires

Et ce chapitre

ODE AUX POÈTES DES ÉPÎTRES





Parfois c’est court la forme casse l’esprit bavard

Bah ! Personne n’entre ici s’il n’est un peu poète





Poète ? Tu veux rire le poste est déserté

Entre le poème et toi il y a le monde qui te broie

Brouhaha brou de noix gaulée sur le noyer





Le noyé c’est bien toi qui nages dans l’obscur

D’une nuit blanche

Sous la neige

D’une « plume en absence »





« Poète dépourvu »

De lecteurs et de reconnaissance

Mais que main tient

Et sans art-gens

Écrits et cris
Rage admise

Par les seuls amis





nuit du 24/09/2020

« La plume en l’absence »
Pauline Dorio
(vient de paraître)

LETTRE PRENANT LE CHEMIN SÛR DEVERS LE BON CLÉMENT MON FRÈRE





Lettre mal faite et mal écrite

Vole de par cet écrivant

Vers le plus noble Clément

Qui cinq siècles après est vivant





Pour Clément Marot

Et Pauline Dorio

dont le livre

« La plume en l’absence »

« Le devenir familier

de l’épître en vers »

Paraîtra

Quand Seigneur Corona

Le permettra





Tu es né à la fin du XV°

et moi à la mitan du siècle XX

Ça nous fait une belle trotte de différence

Et pourtant me voilà t’écrivant d’accointance

Toi le non pareil des mieux disant en vers

Moi que l’époque ou peut-être le non talent

A relégué aux portes de la N.R.*





Mais ami Marot tu ne peux pas savoir

Comment seul dans ma couche

Je suis heureux

De lâcher ainsi la bride à ma plume

Allant me répétant :





Tu es le seul vivant asteure

À tenir la gageure

de t’adresser à Maître Clément





Ainsi s’avance cette épître écrite sans trop d’égard

Aux règles que tu inventas peu à peu

Passant du courtisan aux lettres familières

« Au Roy des François pour le délivrer de prison »

« Aux dames de Paris » « À ton ami Lyon »





Je t’écris de Provence

Pays béni des troubadours

Où le cœur en ballade

D’un mot l’on fait cent**





J’avance sur ma nef fragile et je rame

Étonné amusé libre de toute demande

Aux princes de ce temps

Qui règnent sur les Lettres

Prises dans les glaces de l’unique roman

Poèmes et poésie ils s’en fichent les bougres

Toi ce fut au contraire des demandes sans fin

« Faute de pécune » mais jamais au grand jamais

Tu ne te permis de quémander

En tordant le bâton du déshonneur





Ton père il est vrai t’initia aux subtilités

Du bon rhétoricien qui savait composer

C’était son ars nova dont tu feras tremplin

Pour t’en aller créant tes nouveautés

Sonnets églogues épigrammes

Et tes épîtres que ma fille Pauline

Connaît sur le bout de ses dix doigts









Mais foin du catalogue sérieux que tu connais

Ce qui me plaît encor et qui n’a pas bougé

Ce sont tes engouements badinages étrennes

De mots plaisants gaillards facétieux

Tout ce qui hérissait cagots et sorbonnagres

Qui te le firent durement payé





Tu mourus en exil pour n’être pas brûlé

Mais le cœur mis à nu tu sus tenir le cap

Le cap que dis-le le timon

Ta main ouverte sur Amour

Ton guide sûr

dans la fête ou la défaite

Et en tes batailles exaltées

pour Justice et pour Paix









J’arrête là ma louange

Pardonne- moi pour cette trop longue  laisse

Pleine de prose et de maladresses

Mais avant que je ne te perde

Je vais encor te citer

Bien écrirai encor autre chose

Mais mieux me vaut rendre ma lettre close

Close peut-être mais toujours à réinventer





Ainsi merci

Et mille fois te remercie

D’avoir permis à Dorio

Humble facteur ès lettres et mots

De poursuivre à sa manière

Rimailles et ce blason éternel du bon Marot

            La mort n’y mord





L’amour y garde son mystère   

Voilà pourquoi cet écrit je t’adresse









*Non Reconnaissance

** « Eu m’o escount en rizen

E’n deman per un mot cent »

Peire Vidal

Je t’écoute en riant

Et d’un mot j’en fais cent

JJ Dorio dont la maman naquit Vidal





Martigues 30 mars 2020

COMMENT VOTRE VIE SE PASSE ET QU’EST-CE QUI LA GUIDE ?





A -Comment votre vie se passe et qu'est-ce qui la guide ?

B - Mais qui t'a "soufflé" pareilles questions,
me dit quelqu'un qui n'est pas là.
(Il me "l'écrit", c'est sa "plume en l'absence",
comme le formula le poète Fontaine au XVI° siècle
- c'est ce que m'a appris une spécialiste des lettres
familières de cette époque : les épîtres.)

A - Mais comment les choses se passent
et qu'est-ce qui les guide ?
C'était la vraie question initiale
que j'ai recopiée à la hâte en la transformant,
je l'avoue, quelque peu.

B - Ce sont des questions "feintes" non?
ajoute cet ami soupçonneux
qui m'écrit à la main sur une page détachée
de son journal intime.

A - Écoute Francis, lui réponds-je, un brin facétieux,
un homme ou une femme qui posent
ce genre de questions ne sont jamais seuls.
Ainsi, nous allons proposer à ceux et celles
qui les lisent de nous envoyer leurs réponses,
chacun à sa manière.
Et de leurs fragments ou tesselles,
nous ferons une mosaïque
qui se passera de commentaires.