ET LA FÊTE CONTINUE !





Ceux qui pieusement…

Ceux qui copieusement…

Ceux qui croient…

Ceux qui croient croire…

Ceux qui ont des plumes…

Ceux qui flottent et ne sombrent pas…

Jacques Prévert





Le beau temps est revenu

Mais tous les gens se terrent

Rue d’Rivoli Boulevard Haussmann

Il n’y a personne courant les rues





À la campagne c’est bien pis

Les blancs moutons

Bergers bergères

N’ont plus droit

À la prairie

Adieux gambades

Le cœur en fête

Tous aux abris !





Y a quelque chose de pourri

La maladie occupe l’espace

On compte les morts du Corona

C’est le virus qui provoque tout ça

Le méchant le salaud

Qui passe de peau à peau





Mais on l’aura c’est promis
Si chacun reste chez soi
Confiné mais pas con fini
Pourvu que dans son jardin
Des lettres et des mots
Il échange vers à vers
Les poèmes joyeux
De Queneau ou d’Prévert








le titre a été piqué à Prévert
mais tout lecteur qui sait
faire la fête aux mots 
les plus simples
s'en était douté

LE CŒUR JOYEUX DANS LA DÉFAITE COMME DANS LA FÊTE





Le cœur joyeux dans la défaite

Comme dans la fête





Souvent, nos maîtres nous enseignent à serrer les poings pour gagner,

rarement ils nous apprennent à perdre,

ou plutôt à rendre à l’universel ce qui lui appartient,

à l’image d’Épictète, le cœur joyeux dans la défaite comme dans la fête.

Chantal Jacquet





Dans le château de Barbe Bleu

Sous les pas du cheval d’Henri IV

Sur le champ de bataille de Waterloo

Au chemin des dames rouge de nos morts

Dans le fond d’un Sahara brumeux





À la Bastille

Sur l’île des Rêveries

Sur le chemin des indiens morts

Sur la promenade des Anglais

Sur les quais de Palos de la Frontera





Au cœur des mots

germes de vie

aube croissante

Sur l’écume des jours

et les soirs de demi-brume à Londres





Sous le mur de Berlin

Avec Bach et Mstislav Rostropovitch

Dans l’enfer de Dante

et à Dachau

chez l’ogre des Petits Poucets





Chez les dieux de l’Olympe

Sur la bateau de Panurge

et dans l’Isle Sonnante

En poussant la roue à aubes

des Grands Matinaux





Au cœur des Utopies sanglantes du XX° siècle

À la Kolyma

avec le poète Osip Mandelstam





Dans l’antre du Cyclope

Les prisons de François Villon

de Clément Marot

et de Théophile

Dans l’Atelier de Picasso

sueños y mentiras de Franco





Dans les livres de haute graisse

Et sur les murs fantastiques de la casa del Sordo





Sur l’herbe de tous les déjeuners

le flot du sourcelet

l’ache et le serpolet





Sur les parois du Mas d’Azil

et les empreintes de Lascaux

Dans le hamac de palmes tressées

par les indiens Panaré





Sur la barque des morts de Pharaon

Sur l’Arize et sur l’Achéron

Sur un accord de piano

de Thélonius Monk





À l’asile des fous de Rodez

Sur l’aviron de Cambridge

et sous le pont des mathématiciens

Sur les toits de Manosque

et ceux du cimetière marin





Sur le maître du silence

et le rire inextinguible des enfants

Sur l’énergie du vide

et la bonne imagination

Sur les fleurs rouies

et les fêtes de Fraternité





Dans un champ de l’Ariège

où passent de toute éternité

Mascaret et Mulet

Tirant la charrue d’or

Des vers et des boustrophédons

Pour la plus grande joie

Des oiseaux sautillant

Au Paradis des Éphémères






	

LE FEU SECRET



Faire un poème est une fête où le rituel « organise tout le possible du langage ». Ce peut-être bref, un feu d’étincelles, ou très long, interminable. On essaie, des heures entières, d’arbitrer, en vain, les conflits permanents entre « l’oreille », le son, et « l’esprit »,  le sens.

La fête finie, que reste-il, si ce n’est ce peu de grains, sur le papier ou dans le sablier d’un recueil, que l’on dit de « poésie ».

« Et nous les os devenons sable et poudre », écrivit Villon, en forme de ballade, pour ses « frères humains », s’attendant comme lui à être pendus.

Il est un autre poète, que tout le monde a oublié, qui, filant la métaphore, se vit, lui aussi, « se la couler douce » après sa mort, dans « l’horloge de sable » :

« Le feu secret qui me rongea

En cette poudre me changea

Qui jamais ne repose. »*

*Charles de Vion, seigneur de Dalibray.

COMME PAR UN JOUR DE FÊTE

COMME PAR UN JOUR DE FÊTE – Jean Jacques DORIO – Vos poèmes – Poésie française – Tous les poèmes – Tous les poètes

COMME PAR UN JOUR DE FÊTE

Comme par un jour de fête

Mais une fête sans fétards

Comme par un jour de flammes

Qui ne brûlent aucune chair

Comme par un jour de répit

Comme un jour de sablier

Heures fondues grain à grain

Comme par un jour où l’on se livre à la lecture

En silence sans remuer les lèvres

Comme par un jour de vent mistral

Ouvrant les rides des pages

Comme par un jour d’incertitudes

De points d’écoutes divergentes

Filant doux l’ironie :

Par le chien! Par Zeus!

Comme par un jour sans fin

Un jour à lire Shakespeare à son chat

Comme par un jour d’éternité