QU’EST-CE QUE LE FEU ?

Qu’est-ce que le feu ?

Une voix de chien agaçant la nuit

Qu’est-ce que la nuit ?

Des maux que l’on cache sous d’autres mots

Qu’est-ce que le mauvais rêve ?

Un enfant qui court la tête dans ses mains

Qu’est-ce que le bon rêve ?

L’utopie traduite en vers de dix pieds

Qu’est-ce que l’utopie ?

L’euphorie le fou rire le rouge phénix

Qu’est-ce que l’écriture ?

Des greffes sur des livres sans fin

Qu’est-ce que la culture ?

Une mousse de savon noir

Qu’est-ce que le feu ?

La dernière porte ouvrant sur la nuit

EN VERS MÊLÉS

Ne croyez pas que je me joue

Mêlant mes vers présents du jour

À la grande mêlée sur la toile

Ne croyez pas que je me poile

À hasarder plume lézarde

Dans la confusion d’internet

Et que le feu de la langue vous arde

Si ne savez combien d’amours se jouent

Dans la moindre pièce donnée

À lire et à goûter en vers mêlés

une page en vers mêlés

TOUT FEU TOUT FLAMME

Tout feu tout flamme 
Brûle mon âme
Sur cette page
Que nul ne lit

On me dit fou
(fada ici)
Je me crois sage
Me balançant dans le hamac
tendu entre deux pins du cru

Et nous voilà
Faisant ces vers
Plaçant ces mots
Tout feu tout flamme
D’où naîssent paroles
Qui dans la nuit
Font un sujet de poésie
À LA SEMBLANCE DU BEAU PHÉNIX

Et je chantais cette romance
En 1903 sans savoir
Que mon amour à la semblance
Du beau Phénix s’il meurt un soir
Le matin voit sa renaissance


Guillaume Apollinaire
La chanson du mal aimé


Je suis tout feu tout flamme
Je suis l’eau remontant à mes sources
Je suis l’air de rien
Je suis la terre des Dorio (tous laboureurs)

Je suis le souffle qui ravive dès matines les braises du foyer
Je suis l’eau de l’orage sur le visage de Rrose Sélavy
Je suis la terre que le blé vert adoucit
Je suis l’air dont s’abreuve l’alouette du troubadour

Je suis le poète contumace à l’esprit follet
Je suis la mer la mer toujours toujours recommencée
Je suis la Mère Terre (va-t-elle mourir la Pacha Mama ?)
Je suis Phénix qui écrit des poèmes après Auschwitz*



*Dans cette ville de Francfort), Theodor Adorno a prononcé une grande phrase : on ne plus écrire de poèmes après Auschwitz. Disons-le autrement : après Auschwitz on ne peut plus respirer, manger, aimer, lire. Mais quiconque a déjà inspiré une première gorgée d’air, quiconque s’allume une première cigarette a décidé de survivre, de lire, d’écrire, de manger, et d’aimer. Heinrich Böll


PHÉNIX

Je suis tout feu tout flamme
Je suis l’eau remontant à mes sources
Je suis l’air de rien
Je suis la terre des Dorio (tous laboureurs)


Je suis le souffle qui ravive dès matines les braises du foyer
Je suis l’eau de l’orage sur le visage de Rrose Sélavy
Je suis la terre que le blé vert adoucit
Je suis l’air dont s’abreuve l’alouette de Ventadour


Je suis poète contumace 1 à l’esprit follet
Je suis la mer la mer toujours toujours recommencée 2
Je suis la Mère Terre
(va-t-elle mourir la Pacha Mama ?)
Je suis Phénix qui écrit des poèmes après Auschwitz*



1 Tristan Corbière 2 Paul Valéry



*Dans cette ville (Francfort), Theodor Adorno a prononcé une grande phrase : on ne plus écrire de poèmes après Auschwitz.
Disons-le autrement : après Auschwitz on ne peut plus respirer, manger, aimer, lire.
Mais quiconque a déjà inspiré une première gorgée d’air,
quiconque s’allume une première cigarette a décidé de survivre,
de lire, d’écrire, de manger, et d’aimer.


Heinrich Böll