PRÉSENTS

Ces présents sont dédiés à toutes celles et à tous ceux qui en temps de débâcle sont de l’étoffe dont on fait le rêve de vies dignes d’être vécues

Présents

Celles et ceux

Qui sont là

Et bien là !

Et les cadeaux

Qu’ils nous font

Kuchina

poupée rituelle

des indiens Hopi

Ou une simple

branche d’amandier

qui a poussé

dans la tête de Vincent

interné à Saint Paul

de Mausole

Présente

en Filigrane

Dans l’écriture

De cette lectrice

Qui ravive sur son Mac

La calligraphie

D’un jardin japonais

Dans les ellipses jaunes

D’un éternel  sablier

ELLE T’HABILLE DE FEUILLES

Jacqueline Saint-Jean Hôpital des poupées Editions Alcyone 2019

photographie Francis Saint-Jean sur les lieux « l’Hospital de Bonecas » situé à Lisbonne

*

Une lumière de jonquilles
réveille la page
de sa lente léthargie

La main fragile attend
le primesaut le passage
du printemps dans les syllabes

La source revivra
dans la fleur de l’heure


Jacqueline Saint-Jean
Sauver l'hiver Encres Vives

QUE TU LE VEUILLES OU PAS

Que tu le veuilles ou pas
On peut te dire que tu es libre
d’écrire autour de minuit
Que quelqu’un veut
te chasser du temps

Tu es seul dans un hôpital
On va t’opérer demain
De qui sait quoi

Tu cherches dans le noir
Une image pour te consoler

C'est une avocette
Que tu as suivie à la jumelle
Dans les marais salants
de Fos sur Mer

C’était hier
Il y a longtemps
Ou peut-être
Demain

C’EST LE COUVRE-FEU





C’est le couvre-feu c’est le couvre-flamme

Restez chez vous jeunes et vieux hommes et femmes





C’est l’hôpital plein de patients en réa

Dont la vie ne tient qu’à un aléa





Souffle suspendu cerveau dans le vague

La mort la sale mort les drague





C’est le couvre-feu c’est le couvre-flamme

Restez chez vous jeunes et vieux hommes et femmes





24/10/2020

L’ART DE MOURIR





La mort n’y mord

Clément Marot





Tout ce mélange

des funérailles anciennes

et des convois mortuaires

interdits





Avril

les fils se rompent

à l’hôpital des peines

L’art de mourir des littératures

s’est mué en mort artificielle





Les morts ne sont plus là

pour dire leur parole dernière…





Même parlant sans rien dire

ou râlant encore un peu

dans le style pathétique

et futile

de leur souffle dernier