JE LIS DES POÈMES

Je lis des poèmes sortis de derrière les fagots

Je lis des poèmes attachés aux cornes d’un taureau

Je lis des poèmes en mâchant l’herbe blonde de l’altiplano

Je lis des poèmes de Condor cassant les os des vigognes

Je lis des poèmes de poupées gigognes

Je lis des poèmes à l’enfant qui pleure la mort de Pacha Mama

Je lis des poèmes sur les murs de Mai Mai Mai Mai Paris Mai

Je lis des poèmes à la lune faucille et à la petite vieille de l’Ehpad devenue marteau

Je lis des poèmes aux saules et aux lézards sur ma page-pleuroir

Je lis des poèmes de chamans faisant leurs demandes aux Esprits du Monde Autre

Je lis des poèmes maladroits comme écrits au lance-pierre

Je lis des poèmes du Monde Entier au cœur d’une planète à feu et à sang

Je maintiens vaille que vaille le mouvement millénaire des Alchimistes d’un Verbe

toujours à réinventer

QUINZE DÉPARTS DE TEXTES FULMINANTS 7 à 11

7

CE QUON NE PEUT METTRE SUR DU PAPIER

Mais quoi, nos grands rêves oniriques ou cauchemardesques, on ne peut les mettre sur du papier, ils ny contiennent pas. Ils naviguent intangibles dans linconnu ; ils dérivent

8

SARNAILLES ET LÉZARDS SANS QUEUE

Sarnailles de lenfance (les petits lézards qui sortaient des murs en cailloux de rivière 1 du jardin). Ils étaient souvent esquétats (ils avaient perdu leur queue). Mais ne demeuraient pas longtemps infirmes (elle repoussait).

1 Elle s’appelle l’Arize. (lire son entrée dans Le dictionnaire à part moi Dorio 2022)

https://www.leseditionsdunet.com/livre/un-dictionnaire-part-moi

9

DE PROUST À MAROT

Être un lecteur acharné et patient donne des atouts majeurs sur lamour et la haine, la servitude et la liberté, le corps en dérive ou dictant à lesprit ses quatre volontés. Et surtout de Proust à Marot court un même leitmotive : La mort ny mord.

10

UNE PHRASE INCONNUE

De pleines pages se réduisent parfois en une phrase inconnue dont la main qui écrit a taillé ses coupes sombres.

11

MON ABSENTE AUGMENTÉESur la page « mon absente » dépossédée de tout, entrée dans sa nuit végétale depuis tantôt huit longues années, est, au risque de la choquer, de plus en plus riche, augmentée de mes saisons d’écriture, qui tant que vyvrai en toute connaissance, je renouvellerai

SUR LA PAGE FEU FOLLET





J’aime baroque baraque barrique
Baron perché sur l’arbre mort
En attendant Godot

J’aime le masque la mascarade
qui ne fait pas dans la dentelle
et Carnaval des géants du bon Rabelais

J’aime la rage, l’an rage 1,
le coup de rein pour me sortir de la mélasse du langage
pris dans les rets

J’aime la salle des pas perdus
la passe le passage du souffle
sur la page feu follet

J’aime les larmes les armes de la poésie
les arts lézard qui pleure
sa lézarde enfouie

1 dorio encres vives mai 1980


01/12/2021