JE LIS DES POÈMES

Je lis des poèmes sortis de derrière les fagots

Je lis des poèmes attachés aux cornes d’un taureau

Je lis des poèmes en mâchant l’herbe blonde de l’altiplano

Je lis des poèmes de Condor cassant les os des vigognes

Je lis des poèmes de poupées gigognes

Je lis des poèmes à l’enfant qui pleure la mort de Pacha Mama

Je lis des poèmes sur les murs de Mai Mai Mai Mai Paris Mai

Je lis des poèmes à la lune faucille et à la petite vieille de l’Ehpad devenue marteau

Je lis des poèmes aux saules et aux lézards sur ma page-pleuroir

Je lis des poèmes de chamans faisant leurs demandes aux Esprits du Monde Autre

Je lis des poèmes maladroits comme écrits au lance-pierre

Je lis des poèmes du Monde Entier au cœur d’une planète à feu et à sang

Je maintiens vaille que vaille le mouvement millénaire des Alchimistes d’un Verbe

toujours à réinventer

FANTAISIES ANACHRONIQUES

(notre vie étant si peu chronologique, interférant tant d’anachronismes dans la suite des jours) Marcel Proust





Je me souviens de Toto Laricot

et de Tata « La Risa« 

Je me souviens de la pipe de Magritte

et de celle du pape Pipu

Je me souviens de Marguerite Yourcenar

et de son Oeuvre au noir

Je me souviens de la Sardine qui a bouché le Vieux Port

et des enfants du Pirée

Je me souviens de Nicolas de Staël

du marteau et de la faucille des Stals

Je me souviens des pâtés d’encre sur le journal

qui protégeait la table de la cuisine

où je faisais mes devoirs d'écolier

et des saucisses qui pendaient au plafond

Je me souviens du petit loup percé d’une plume

et des Amours jaunes de Tristan

Je me souviens de la pèche à la baleine

et de tes beaux yeux bleus tu sais





Je me souviens de toi qui ne se souviens plus de rien

DIRE 1

DIRE 2