J'écris comme un délire ce vers à goût de nuit Puis cet autre oubliant sur ma lyre qui je suis J'écris ce poème désuet sans attrait Dans le désert d'une chambre blanche à grands traits J'écris avec mon nouveau stylo Stabilo (pour surfaces lisses, papier, verre, métal) J'écris par intermittence mais sans ratures Une présence qui essaie d'oublier toute littérature J'écris en feuilletant des livres, en général Ô lit heureux l'unique secrétaire de mon plaisir* J'écris en particulier sur des livres que personne plus ne lit à part ceux et celles qui côtoient des rimes à n'en plus finir J'écris à voix basse ou de cette voix sans personne qu'affectionnent les poètes qui privilégient la mise en page J'écris cette quinzième ligne qui atteint la limite de ce poème à lire...les yeux fermés *Rémi Belleau (1528-1577)
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MÉMORABLE MAIS MORT HÂBLE
Mémorable
Mais mort hâble
Une rime équivoquée
Prisée par Victor
Hugo évoquait le fantôme
De ce pauvre marmot
Croqué par Ogrouski
L’ogre de Moscovie
Amoureux d’une fée
La maman du petit
Cette histoire a un titre
Bon conseil aux amants
On rit encore de la lire
Amoureux de la lyre
D’un barde échevelé
Écrivant sur vélin
Ce conte de vilain
L’ARC ET LA LYRE
Bajo tu arco la noche duerme
Velan tus brasas
Octavio Paz
Sous ton arc dort la nuit dort
Veillent les braises
(ma traduction)
La nuit me tend son arc
El Arco y la Lira
Echos de Paz
Le bien nommé
L’arc et la lyre
La flèche de Zénon d’Élée
Qui vole immobile
Et la lyre d’Orphée
Qui fait danser les Muses
Paix aux mille soleils des insomnies
Litanies des commencements
Épiphanies des songes
Pierres vives où l’on grave nos chants

PUISQUE TOUT SE TRANSFORME
PUISQUE TOUT SE TRANSFORME
Frayer encor avec les Romains lettrés, écrivant poésies, – avant J.C – « Ainsi rien ne périt malgré les apparences Puisque tout se transforme Et que toute naissance en ce monde a besoin du secours de la mort »
« Petit moineau, délices de Lesbie », becquetant les doigts de la Belle.
Jouer encor de nos chants alternés, avec les Dieux enfuis, comme pour prolonger ces impossibles souhaits : « Essayons par magie de guérir, de séduire ».
Avant que ne nous happe, notre lyre brisée, la gueule de ce monstre, qu’un poète, déjà, nomma la bouche d’ombre.
avec Lucrèce, Catulle, Virgile, Properce.

fond : aplats d’acrylique, « hypnographies » encre de Chine
Dorio
AMUSEMENT DES MUSES
AMUSEMENT DES MUSES
Je vis je meurs je me brûle et me noie
Louise Labé 1555
- J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages !
Baudelaire Petits poèmes en prose 1869
Amusement des Muses
Qui menaient par le nez
Les poëtes anciens
Elles les faisaient égaux des dieux,
Bouches d'or volubiles,
Enthousiastes, inspirés,
La plume reine cédant
L’initiative aux mots
Un petit feu courait qui déliait leur langue
Ou la rendait muette,
Car nos filles divines
Soufflaient le chaud et le froid.
Alors tout à sa lyre l'heureux mortel chantait
Le clair aveuglement, le frisson poétique,
Les rires et les pleurs,
Et ses rimes d'usage
Pour l'amour des nuages !