À LIVRE OUVERT



À livre ouvert mais sans trop de pouvoir sur ces lignes qui se déroulent et s’échappent comme des serpents

À livre ouvert faisant crisser les mots gros-gras-grand-grain-d’orge qui nous remettent en tête nos années théâtre en Mai 68 où nous chauffions nos voix d'acteurs amateurs

À livre ouvert aux aurores rose du ciel comme avant une journée d'été brûlante

À livre ouvert pages arrachées et qui s’envolent capricieuses offertes à notre humaine condition qui en ces temps crépusculaires aiment plus que jamais célébrer les couleurs les lumières et les sons
Hans Reichel (9 août 1892-7 décembre 1958) 
Composition 1954
aquarelle et encre de Chine sur papier
19,3x27,3 cm
découvert avec enthousiasme au musée de Lodève ce 12 juin 2025

MAIS D’OÙ TU PARLES ?


- Franchement, où en es-tu ?
- Avec le temps, ça devient inexplicable.
- J'entends bien, mais comment tu l'expliques ?
- Mais justement, je ne sais pas.
- Écoute-moi, si tu ne sais pas où tu en es, au moins peux-tu nous dire d'où tu parles ?
- Ah! la question qui tuait en Mai 68 !
- Oui, tu y es !
- Eh bien, d'où je parle ? Je vais y réfléchir, mais je te rassure, c'est toujours d'un lieu où ma prise de parole n'est pas encore située Outre Tombe.

Dialogue intérieur I

AMATEUR

Amateur c’est aimer

Loin du monde et du bruit

Décliner l’espérance

D’une langue fléchissante

et colorée

C’est aimer le rythme

Et la vibration

Écrits sur la page

D’un papier choisi

Pour son grain

Sa texture

Amateur des misères

Et des facéties

Et des mots jouissifs

Sur les murs du grand Mai

Et tout le reste est littérature

***

Un coupeur de cheveux en quatre un amateur
Qui use d’écharnoir pour tailler son poème
Et la toile émeri pour gratter les hommages


Et d’un vers à un autre halant tous les lecteurs
Des coupeurs de cheveux en quatre des amateurs

SILENCE L’ARBRE DE LA DÉMOCRATIE REMUE ENCORE

Se taire
Mais de quel côté
Faire silence
Côté jardin
ou côté cour ?

Silence l’arbre
remue encore
Fantastique titre
et pièce
que je vis
à sa création
au festival d’Avignon 1967
Silence
au Cloître des Carmes
signé
François Billetdoux
(ça ne s’invente pas)

La nostalgie camarade
Aujourd’hui premier juin
54 ans après
le 1e juin de 68
Quand Le Monde publiait
ce jour-là
un poème anonyme
issu des murs
et des barricades
Casqués engourdinés
Le poème s ‘en prenait
aux CRS
sans jamais les nommer

Premier juin 2024
putain déjà
Je vois des Français
Cons comme des ballets
Qui s’apprêtent à voter
de plus en plus veaux
Pour le Bardella Bardabrac
Qui vient de passer
5 ans au chaud
député de l’Europe
sans en foutre une rame

Silence ma rage
Remue encore
Devant ces électeurs
asservis par une idéologie
Qui n’est que dans un passé
Rance et porteur
De malheur
De grands malheurs