ON NE SAISIT RIEN

calligraphies 31/07/2020




On ne saisit rien. C’est ce que comprennent peu à peu, ceux et celles qui s’obstinent, avec méthode et persévérance, à lancer leurs calligraphies, leurs graphismes, leurs exorcismes, leurs écrits de rêves et d’émotion. Sur chaque page blanche, sur le poème qui à mesure qu’il s’invente nous métamorphose.

Chatoiements, bigarrures, danse de la mémoire qui recule vers le futur, images à foison, qu’il faut croiser avec nos corps de l’enfance au crépuscule, sur le manège de nos vies, nos lectures, nos musiques sonnantes et dissonantes et l’apport inestimable de nos si rares soutiens de vie.

Et après, petites graines feront pousses nouvelles, ou s’en iront sans reprises dans le néant.


	

MAIS D’OÙ TU PARLES MADAME POÉSIE ?

 


Si la poésie te parle un instant tu ne sais plus qui tu es
la poésie de l’instant c’est son présent
pur don offrande aux frères humains et aux sœurs lustrales

La poésie se tait aussi mais ne renonce pas
le regard embrassant un arbre suivant un insecte un oiseau
et si les mots se présentent il ne faut pas les manquer

La poésie ne sait pas ce qu’elle va découvrir dans sa quête inlassable
c’est le chemin qui n’existe qu’en le faisant
c’est cette ligne qui sans ses lecteurs s’enfonce dans le néant

La poésie naît d’un manque de l’existence
et meurt de la prétention de l’avoir aboli
dans une œuvre vouée aux honneurs

La poésie si elle n’est pas une expérience de vie et de pensée
sans cesse remise à zéro
n’est que la mer morte où agonise le soi-disant faiseur de poésie
 

















texte Jacqueline Saint Jean
page composée sur papier kraft
format 14x10cm
Dorio
19/05/2017

POUR DE VRAI

   
 
Pour de vrai je m'appelle Montaigne
et j'écris "les Essais"
« J’ajoute et ne corrige pas ».
 
Pour de vrai je m’appelle Tardieu
Monsieur Jean
Je suis cette « voix sans personne »
Qui écrit à la môme Néant
Celle « qu’axiste pas ».
 
Pour de vrai je m’appelle Hugo
Ma fille s’est noyée
« Demain dès l’aube » j’irai
sur sa tombe porter
« un bouquet de houx vert »
et de bruyères en pleurs.
 
Pour de vrai je m’appelle sœur Anne
Sylvestre est mon pseudo
Je fais et chante à profusion
Paroles et musique
De mes chansons
« écrire pour ne pas mourir »
est mon credo.
 
Pour de vrai je m’appelle Dorio
un petit nom discret
Trompettes de la renommée
Vous êtes bien mal embouchées*.
 
*Brassens