– Faut être louf pour lire Alice à cent sept ans
dit Père Noël à Mère l’Oie en sortant de la mare;
ils boivent les paroles traduites de l’anglich
et trinquent à Confusion dans un fracas de verre.
Grandir rapetisser c’est ce qui arrive aux v/d/ieux,
en suçant des gâteaux trempés dans l’eau de vie.
Ils lisent le passage où Chenille bleue suçant le narguilé
questionne notre héroïne : Mais toi qui tu es ?
– Je je ne sais plus très bien dit Alice.
Jé J’étais une petite fille quand je me suis levé ce matin
Mais Mai Paris Mai depuis j’ai subi tant de transfoformations
Que je je m’y perds. – Voyons, dit Chenille bleue, pour rassembler
tes Esprits, récite-moi « Vous êtes vieux Père William »
Alice soudain inspirée anticipe une chanson française
des années Caussimon-Ferré : « Monsieur William
vous manquez de tenue Qu’alliez-vous faire dans la V° av’nue ? »
Cette histoire continue à n’avoir ni queue ni tête
disent les vieux loufs, et leur sourire reste en suspens
un bout de temps entre deux pages de papier thé.
-Voilà ce qui se passe
Quand on s’nourrit de mélasse
dit la belle Métisse à Alice.
Père Noël et Mère l’Oie tirent leur dernier trait.
Ils sont assis en haut du pré
où tintent les clochettes des enfants buissonniers.
On entend une voix qui court comme le furet et chante
Ô mio tesoro il est tard beaucoup trop tard
Il fallait s’arrêter à sept ans de te raconter des histoires
-Pas du tout d’accord dit Alice qui pioche un valet de cœur
avant de se glisser toute nue dans le lit de la Reine.
-Et maintenant parlez-moi du Danemark dit-elle.
Mais ceci est une autre paire de manches
Le spectre de Lewis refuse cette version
To be or not to be ce n’est pas la question.
Alice hors du temps traverse le non-sens
Des énigmes sans réponses : Je ne crois pas
que les histoires soient jamais achevées.