LETTRES À LA NUIT NOIRE

  
Je vais voir ailleurs si j’y suis
C’est le parcours obligé de tout poème
 
Je vais voir le champ de marguerites
Où repose Suzanne ma mère
 
Je vais suivre le sillon que mon père
Destine au blé au maïs à la luzerne
 
Il est tard c’est la nuit noire
C’est ainsi que j’écris le mieux
 
L’œil distingue parmi mes notes orphelines
Des lettres dont vous n’avez aucune idée
 
Mais si vous les lisez étonné.e.s
Ailleurs sur le pas de votre porte
Ou à votre fenêtre éclairée
 
Ne me laissez pas sans nouvelles

TERRITOIRES D’ÉCRITURES





À l’approche du poème, aurore et crépuscule redeviennent la nuit, le commencement et le bout de la nuit. Le poète y jette alors son filet, comme le pêcheur à la mer, afin de saisir tout ce qui évolue dans l’invisible, ces myriades d’êtres incolores, sans souffle et sans poids, qui peuplent le silence.

                                 Edmond Jabès (1912-1991)





J’ai un territoire, en apparence étroit, infime, invisible ; ma chambre, mon lit, cette carte où je prose ces quelques lignes, au milieu de chaque nuit, dans la plus extrême des solitudes.

J’ai un territoire concomitant, immense, impersonnel, en mouvement perpétuel du connu vers l’inconnu, où « un autre que moi » réside, se désaccorde à ses croyances en s’accordant à des auteur.e.s de toutes disciplines, qui instaurent d’autres distances à des connaissances à renouveler, une intensité et des rythmes qui opèrent mues et métamorphoses.

Ce que j’essaie de dire là, ne peut passer que par une écriture, hésitante, ralentie, sans prétention, dont les motifs tissés ont besoin au matin de reprises sur le clavier azertyuiop, de contrepoints…en suspens.

(texte en cours) nuit et matin du 21/11/2019





cette carte où je prose ces quelques lignes

photographiée sur fond d’une toile peinte

titre : l’horloge sidérale

Dorio

24/08/2016

UN POÈME DES DONS

 

UN POÈME DES DONS
(en cours d’élaboration)


Ce poème je l’ai écrit comme toujours sans bien savoir pourquoi
poussé par la gratuité des mots
leurs sens divers leurs variations vibrations bigarrures

Je l’ai écrit dans le désordre de mes pensées l’égarement et son contraire
que tu sauras peut-être toi qui lis nommer

Ce poème je l’ai écrit avec un crayon sur les marges d’un livre
au lit en pleine nuit
De quoi parlait-il mon poème de papier Je ne sais plus vraiment
Du jeu peut-être de la perte de tous nos « je » que l’on porte en soi

Ce poème parlait au papier comme au premier venu
à qui je l’offre à cet instant
Je t’en fais don ami.e mais je ne sais si tu le recevras
j’y compte un peu quand même
mais je ne suis pas assuré que tu t’y reconnaisses

Si cependant dans mon poème tu as mis le pied
– je n’ose pas écrire si tu y as pris ton pied
comme nous disions naguère –
peut-être ami.e me le rendras-tu revisité réécrit
réinterprété à ta manière unique et singulière

Et vraiment ce qu’à ton tour tu me donnerais
je le recueillerais avec grand soin fleurs du bien ou fleurs du mal
ces « extensions du domaine du don* » seraient notre reconnaissance
et notre capacité à vraiment dans chacun de nos poèmes
TOUT DONNER


*
italiques Michel de Montaigne
*le livre d’Alain Caillé sur lequel j’ai prosé ces quelques lignes
 

MA CHÉRIE

accompagnement (charango, percussions) Philippe Bruguière

voix Jean Jacques Dorio

  
MA CHÉRIE MA CHÉRIE
 
Paroles et musique JJ Dorio
 
Ma chérie ma chérie ma chérie
Comm’ c’est bête comm c’est bête com c’est bête
T’es partie t’es plus là ma chérie
En allée pour toujours dans ta nuit
 
Mais je sais mais je sais ma chérie
Tu m’dirais tu m’dirais quoi qu’on dise
Continue mon amour de chanter
De chanter et même de composer
 
Tes musiques tes accords tes poèmes
Pour ceux qui Pour celles qui sont en selle
Sur la vie sur l’amour sur la mort
C’est pareil après tout si on y pense
 
Ma chérie ma chérie ma chérie
Comme c’est bête com c’est bête com c’est bête
T’es partie t’es plus là ma chérie
En allée pour toujours dans ta nuit






album nouveau
20 titres

envoi postal en échange de 15 €

Jean Jacques Dorio
9 rue de la Bergeronnette
13500 Martigues

UNE HEURE UNE NUIT UNE PAGE BLANCHE

 
écriture blanche
passante des nuits
où l’on demeure éveillé
tel un feu follet
 
 
il est 1:48
 
c’est le commencement
le premier coup de dés
les chiffres du hasard
d’un homme approximatif
 
il est 1:56
 
en attendant la suite
qui ne vient pas
tes oreilles participent
au grand bal des acouphènes
 
 
il est 2:02
 
tu songes à Moby Dick
à l’obstination de la mort vieux capitaine
poursuivant la baleine blanche
 
là-bas laine blanche
flocons de neige et ceux d’argent
et que n’ai-je
en cet instant
le duende des gitans
et le murmure des maîtres
disant leurs vers anciens
 
il est 2:07
 
mais peut-être
faut-il oublier leurs chimères
soleils noirs et obscures clartés
 
la tache aveugle
la vache aveugle
des nuits obscures
vaca ciega
en la noche oscura
 
 
il est 2:17
 
dizesept
police secours
crient les provençaux
au loto des familles recomposées 
 
il est 2:20
 
tu t’accroches aux mots
tu erres sur l’aire
des vents contraires
jetant les grains
du clinamen
 
il est 2:22
 
les trois deux
apparaissent en rouge
sur le petit réveil
posé sur tes livres de chevet
 
 
il est 2:24
 
tu changes de page
tu entres par la porte sud
de l’oppidum sans nom
 
il est 2:25
 
tu aimes les fleurs d’encre
les encres blanches des amandiers
les amours jaunes du mimosa
que tu as planté à la naissance
de ton petit-fils
un vingt-huit février
 
il est 2:34
 
homme patient
homme industrieux
homme égaré
homme tranquille
prosant ses vers
de fourmi
 
il est 2:36
 
tu te frottes à la langue d’oc
des troubadours
l’éclair du trobar clar
l’obscurité du trobar clus
 
2.38
 
tu revois le clos entouré de cactus candélabres
dans les hautes terres de Goajira
sous la clarté de la voie lactée
où marchent interminablement les indiens morts
 
il est 2:39
 
le feu sous les cendres
le peu de miel
que l’on prélève
sur l’arbre à maux
 
il est 2:44
 
encore quatre minutes
monsieur le bourreau
bour et bour
et rataplan
à rebours
du temps compté
de nos nuits blanches
 
il est 2:46
 
l’espèce de poème
rend grâce
et se brûle
sous le réverbère
des éphémères
 
il est 2:48
 
une heure est passée
dans l’immédiat du gazouillis
d’une main sur une feuille blanche
quelque part dans l’inachevé
 
 
 
 
références 1:48 L’homme approximatif Tristan Tzara
2.02 Moby Dick  Herman Melville
Marie Guillaume Apollinaire
 2:24 Sur l’oppidum sans nom Jean Jacques Dorio
2:38 Le chemin des indiens morts Michel Perrin
2.48 Rilke
il est 3:48 une heure de plus a passé
recopiant sur le clavier en le modifiant quelque peu
le manuscrit du premier jet