J’ÉCRIS UN PEU GRIBOUILLIS BEAUCOUP GRIBOUILLA

J’écris avec Gribouille dont on me disait enfant Quand je faisais  l’andouille 
Qu’il était caché au grenier prêt à me punir pour mes bêtises
J’écris sur un tapis Boukhara
J’écris nom d’une pipe en bois
J’écris plutôt deux fois qu’une
J’écris de temps en temps À une dame d'antan Mais jamais en regardant les Unes des journaux imprimés
Ça me déprime
J’écris blague à part avec la huitième condition de Fourier en tête :
celle qui dans une liste échappe à tout classement
J’écris collectionnant les bourdes et les pataquès
J’écris un incipit aux bifurcations inconnues
J’écris brique après brique
Cette maison ouverte à tous les compagnons & compagnes d’écriture
J’écris bilboquet Bouquet de phrases à venir et qui s’étalent
Comme la confiture d’abricot de Tatie Popo
Ou bien qui se refusent aux caprices de ma plume
J’écris comme les chauve-souris
Dont la température s’abaisse
À mesure qu’elles remuent leurs ailes
J’écris comme Marguerite Duras
Pseudo de Marguerite Donnadieu
Sans Maître ni Dieu
J’écris faisant ces longues tresses de textes
Que je tape à deux doigts
Sur la Valentine rouge d’Olivetti Mais je n'écris pas
avec une gomme comme font
Tous les compositeurs de musique
De Bach à Phil Glass
J’écris ces séries sans fin à l’encre sortie d’un stabilo
OH Pen Universal
J’écris au propre et au figuré Sans ratures loin des Stals
J’écris comme on traverse le désert
En songeant au Jardin d’Acclimatation



PLAISIR D’ÉCRIRE : un dictionnaire à part moi

PLAISIR

Plaisir d’écrire. Même pour raconter des fadaises, même pour ne parler qu’au papier de Montaigne. Mes premiers textes publiés, dans un cahier créé par quatre écrivants, s’intitulaient Papiers Hygiéniques (sic) Tout un programme. Je les avais publiés disposés « à l’italienne ».Plaisir d’entretenir sa santé par cette écriture à la main, puis, s’il me semble que ça vaut la peine, par le passage à l’épreuve du clavier. C’est un autre plaisir. Sur ma machine à écrire, tôt achetée, une Olivetti rouge, ça faisait du bruit, tac tac tac, et puis quand on fautait, c’était tout un pataquès et des débats sans fin avec le machiniste, je corrige tout de suite ? je rature ? je laisse tomber ? j’enlève la feuille et je recommence ? À la fin, je profitais des erreurs involontaires pour suivre les chemins qui ainsi, par un heureux hasard, bifurquaient. Mais ce matin, 29 mai 2020, c’est le plaisir d’écrire sur le carnet, planté dans le jardin, sous l’abricotier, assis sur la chaise basse, les pieds sur la petite table branlante. Un papillon blanc m’accompagne, puis un autre qui vient l’embêter ou s’amuser. Mes lecteurs, quand j’en ai, connaissent ce plaisir des papillons qui vont de fleurs en fleurs, de tourbillons en perte heureuse d’identité.

UN DICTIONNAIRE À PART MOI

Jean Jacques Dorio

Les Editions du Net

222  « entrées » 189 pages 16 €

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Merci mille et une fois

JJD