Tu devrais arrêter d’écrire des fadaises Qui ne parlent qu’au papier Laisser tes mots errer Sur la falaise de sable Sur le buvard de l’encrier Tu devrais ignorer Giono Qui écrivit comme si de rien n’était Avec sa main à plume le jour où sa mère mourut Quand on t’annonça la disparition subite de la tienne Le vingt-sept septembre mil neuf cent quatre-vingt-quinze Tu lisais précisément Le hussard sur le toit Elle avait passé une mauvaise nuit Mais s’était habillée pour voir encore une fois Le feu du matin jaillir du bois Sur la plaque de fonte Sur le visage de mon père Tu devrais arrêter d’écrire des fadaises Qui ne parlent qu’au papier Laisser tes morts errer
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PLAISIR D’ÉCRIRE : un dictionnaire à part moi
PLAISIR
Plaisir d’écrire. Même pour raconter des fadaises, même pour ne parler qu’au papier de Montaigne. Mes premiers textes publiés, dans un cahier créé par quatre écrivants, s’intitulaient Papiers Hygiéniques (sic) Tout un programme. Je les avais publiés disposés « à l’italienne ».Plaisir d’entretenir sa santé par cette écriture à la main, puis, s’il me semble que ça vaut la peine, par le passage à l’épreuve du clavier. C’est un autre plaisir. Sur ma machine à écrire, tôt achetée, une Olivetti rouge, ça faisait du bruit, tac tac tac, et puis quand on fautait, c’était tout un pataquès et des débats sans fin avec le machiniste, je corrige tout de suite ? je rature ? je laisse tomber ? j’enlève la feuille et je recommence ? À la fin, je profitais des erreurs involontaires pour suivre les chemins qui ainsi, par un heureux hasard, bifurquaient. Mais ce matin, 29 mai 2020, c’est le plaisir d’écrire sur le carnet, planté dans le jardin, sous l’abricotier, assis sur la chaise basse, les pieds sur la petite table branlante. Un papillon blanc m’accompagne, puis un autre qui vient l’embêter ou s’amuser. Mes lecteurs, quand j’en ai, connaissent ce plaisir des papillons qui vont de fleurs en fleurs, de tourbillons en perte heureuse d’identité.
UN DICTIONNAIRE À PART MOI
Jean Jacques Dorio
Les Editions du Net
222 « entrées » 189 pages 16 €
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Merci mille et une fois
JJD
FADAISES IMPASSES COMMENT Y VOIR CLAIR ?
Je relis mes fadaises
Elles sont faites des mille et une voix
posées ici
sur ce mode d’emploi imaginaire d’une poésie
en train de s’inventer
Je provoque les étincelles de mes roues à aube
avec le bois du cèdre et le torrent des œuvres
qui les fait continûment tourner :
Libérez-vous de servitude et de vos idées arrêtées
Et passez outre la confusion et la discorde
dictées par la rumeur du monde
Je relie mes impasses
À la trop grande impatience
Qui pousse à la rue les égarés
Dialogues de sourds Refus de s’accorder
Je tâche d’y voir clair
Dans les choses inconnues
Qui viennent de ces mots
Qu’il faut apprendre à taire
Quand tout est confusion
Mais quand je les confie au papier
J’oublie toute prudence
Et laisse résonner
Un parler ouvert ouvre un autre parler et le tire hors
Comme fait le vin et l’amour*
* Montaigne
OUTILS D’ÉCRITURE
MON OUTIL, je puis ici le nommer : Pilot, V7HI-TECPOINT, Pure Liquid Ink.
De lui, vient le flux des paroles, la rumeur des images, dont je n’avais pas idée, le fil d’une écriture prête à se rompre, mais que je tire jusqu’à la fin d’une page, qui souvent m’échappe, se dérobe, mais que, coûte que coûte, je maintiens ferme, jusqu’au dernier mot.
J’écris à l’oreille, j’écris à l’encre noire, faisant tout mon possible pour résister à ces hérauts noirs, qui envahissent les poèmes de deuils et de douleurs.
J’écris des fadaises que je laisse aller, mais que peut-être je modifierai, quand je passerai mon écrit au clavier AZERTYUIOP, impersonnel.
La page va se terminer. Je l’ai écrite en lisant un romancier dont l’outil est un crayon, avec lequel il écrit à voix basse. Ce crayon présente une gomme à l’autre extrémité, avec laquelle il efface, au fur et à mesure, ses repentirs.
Et toi, dis-nous, comment fais-tu ?
UNE AUTRE MANIÈRE DE L’ÉCRIRE
TOI QUI ÉCRIS tes pages d’abord à la pointe fine puis au clavier azertyuiop et toi qui les lis je ne sais où ni comment toi qui écris cette page à 4.04 dit le marqueur rouge du temps et toi qui la lis sur ton écran en te disant ce type est fou qui mêle forme et force figure tournure patience et longueur de temps toi qui écris telle nuit telle heure en telle année et toi qui lis mondant la paille du grain cherchant le sens dans le non-sens toi qui écris et qui te lis mais comme un autre le traducteur d’une vérité intelligible mais indicible comme telle ça pourrait être Sisyphe ça pourrait être les Parques ça pourrait être le mythe de l’éternel retour…
JE ME RENSEIGNE

Je me renseigne sur « ce que je sais » vraiment, à côté de ce que mon cerveau
a accumulé comme sottises et fadaises. Ce sont ces « cent sales mouches » qu’il
faut chasser tant qu’il en est encore temps.
Je me renseigne entrelaçant, selon ma manière, lecture et écriture, mais en évitant
si possible, « le conflit des interprétations ».
Je me renseigne, « à petit feu », évitant de provoquer ces brasiers qui enflamment
l’arbre qui cache la forêt.
Je me renseigne grattant la peau des palimpsestes, recopiant l’un sur l’autre,
ces fragments à goût d’inachevé.