PLAISIR D’ÉCRIRE : un dictionnaire à part moi

PLAISIR

Plaisir d’écrire. Même pour raconter des fadaises, même pour ne parler qu’au papier de Montaigne. Mes premiers textes publiés, dans un cahier créé par quatre écrivants, s’intitulaient Papiers Hygiéniques (sic) Tout un programme. Je les avais publiés disposés « à l’italienne ».Plaisir d’entretenir sa santé par cette écriture à la main, puis, s’il me semble que ça vaut la peine, par le passage à l’épreuve du clavier. C’est un autre plaisir. Sur ma machine à écrire, tôt achetée, une Olivetti rouge, ça faisait du bruit, tac tac tac, et puis quand on fautait, c’était tout un pataquès et des débats sans fin avec le machiniste, je corrige tout de suite ? je rature ? je laisse tomber ? j’enlève la feuille et je recommence ? À la fin, je profitais des erreurs involontaires pour suivre les chemins qui ainsi, par un heureux hasard, bifurquaient. Mais ce matin, 29 mai 2020, c’est le plaisir d’écrire sur le carnet, planté dans le jardin, sous l’abricotier, assis sur la chaise basse, les pieds sur la petite table branlante. Un papillon blanc m’accompagne, puis un autre qui vient l’embêter ou s’amuser. Mes lecteurs, quand j’en ai, connaissent ce plaisir des papillons qui vont de fleurs en fleurs, de tourbillons en perte heureuse d’identité.

UN DICTIONNAIRE À PART MOI

Jean Jacques Dorio

Les Editions du Net

222  « entrées » 189 pages 16 €

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Merci mille et une fois

JJD

SUR LE CHEMIN DE LONGUE ÉTUDE









avec Christine de Pizan et Raphaëlle Décloître





Ne vous privez pas du plaisir d’écrire des pages d’un seul tenant où plusieurs phrases s’enchaînent pour mieux délier votre imagination et où il faut attendre le dernier mot pour voir le point final et encore on peut par trois points laisser le lecteur imaginer qu’après tout ce bataclan la page se termine dans l’inachèvement qu’une lectrice inspirée va reprendre ailleurs sur une feuille blanche ou quadrillée faisant de son stylo le porteur de fantaisie ludique qui certes n’est pas donnée sans ce travail acharné sur le papier ou dans sa tête qui écoute le corps parler se plaindre ou rebiquer en ce Chemin de longue étude parcouru par cette première grande dame qui de lectrice universelle fait son miel poétique politique nous incitant nous tous et toutes qui sommes au bas de la Roue de Fortune de lui donner l’impulsion nécessaire pour la remettre en mouvement ce mouvement scriptural qui nous met en état ne serait-ce que le temps de son élaboration de pallier au désordre ambiant…





Christine de Pizan Chemin de longue estude (vers 1402)

Rapahaëlle Decloître Conquérir l’ordre du monde par le savoir dans le Chemin de longue estude…(Université de Laval) 2021 vient de paraître ouvrage collectif « Désordres Modernes » Editions Hermann

PLAISIR D’ÉCRIRE ?

premier jet




PLAISIR D’ÉCRIRE ?

                Sans le plaisir d’écrire, d’abord avec la main tenant ce stylo bleu ou noir, avec sa pointe plus ou moins fine, nul texte chez moi ne naît.

                Nul texte ne s’enfante.

                Mais cependant,  ce premier jet réalisé, la plupart du temps, je m’arrête.

Plaisir d’écrire conduit trop aisément au bavardage. Le bas vardage c’est pour le pépiement, les clichés, les lettres moribondes

L’écriture, tout au contraire, se fait dans « la plume en absence » du bruit autour de soi, des certitudes, des évidences désuètes.

Cette page, par exemple, a accepté le vide, l’attente de cette voie sans personne, dont j’ignore, à cet instant précis, si elle va m’ouvrir un chemin nouveau ou me conduire à une impasse.

Soumettre ce texte au « grand  ordinateur » me permettra, de le modifier « à la marge », avec le désir d’y voir un peu plus clair.

01/02/2021

ON N'ÉCRIT PAS SANS Y LAISSER DE PLUMES




On n’écrit pas sans y laisser des plumes

Plumes d’écolier

plumes gauloises

ou sergent major

que l’on mouillait

sur son poignet

avant de suivre la ligne

des pleins et des déliés

Lundi 14 mai 2018

Morale :

il faut s’appliquer et persévérer.

On n’écrit pas sans y laisser ses plumes

de jeune oiseau piailleur

puis de vieil oiseau gouailleur

emmêlé à la fable du monde

On n’écrit pas sans ses rêves d’enfant

oiseau de vie « oiseau secret qui nous picore »*

oiseau de mort qui disparaît avec nos corps





*Supervielle





Astoria dans le quartier du Queens

New York

14 05 2018

MONTAIGNE

Que sais-je?

Tout change sans cesse, rien n’est stable.

À n’importe quelle opinion, aussi certaine qu’elle paraisse,

on peut en opposer une autre toute aussi certaine.





C’est un plaisir toujours renouvelé que de savoir jouir de nos lectures.

Celle du fils de Pierre Eyquem, qui s’inventa le nom de Michel de Montaigne,

devient peu à peu, les ans passant, une de mes préférées.

Beaucoup de passages me sont obscurs faits de « pièces décousues »

comme il disait, non sans malice, mais j’y reviens, je les relis et les relies

à celles pour qui j’ai plus de facilité à suivre son «allure poétique »,

fût-ce, à sauts et à gambades.





Je le parcours à sa manière, naturelle et ordinaire, sans contention,

mais je ne le lis jamais sans éprouver le besoin de passer à mon tour,  

à une écriture qui « tient registre » de mes instants, d’une vie bien à moi,

qui en est « la matière ».





Une écriture, qui ne va jamais de soi, faite d’ajouts, de reprises et de pertes.

Mais qui me tient et « m’engage, à (ce) registre de durée », sans fin…et sans reproches.





« Et quand personne ne me lira », écrivait, ou dictait depuis sa tour « librairie », Montaigne.

Formule évidemment qui hameçonne son lecteur, mais que je reprends ici, volontiers,

en ces temps où le « numérique » me permet de dévoiler pour autrui mes fantaisies,

sous forme de poèmes, « essais » avec un « e » minuscule, « dictionnaire à part moi »…  

dont je ne cherche aucune faveur dans le monde littéraire, mais dont je sais gré

à quelques lecteurs et lectrices bienveillantes de les accompagner

de leurs prolongements passagers.





Adieu donc, à Martigues ce 26 juin 2020

(patchwork in progress)





« C’est une absolue perfection, et comme divine, de savoir jouir loyalement de son être.

Nous cherchons d’autres conditions, pour n’entendre l’usage des nôtres, et sortons

hors de nous, pour ne savoir quel y fait.

Si, avons-nous beau monter sur des échasses, car sur des échasses

encore faut-il marcher sur nos jambes.

Et au plus élevé trône du monde, si ne sommes assis que sur notre cul. »

Michel de Montaigne