J’OUVRE UN LIVRE

J’OUVRE UN LIVRE pour y piquer quelques lignes pour m’y perdre pour y laisser intactes ses alouettes vers l’infini et Orphée au paradis J’ouvre un livre un serpent y dormait un sonnet y tournait remuant ciel et terre de la pampa argentine J’ouvre un livre à vrai dire c’est ma vie unique à vrai dire c’est la prochaine citation le rendez-vous elliptique : c’en est fini de venir au secours des images d’hier J’ouvre un livre douleurs de l’amour doux heurts petits secrets d’abord crus puis étouffés J’ouvre un livre blanc c’est mon autoportrait ce jeudi onze mai de l’an deux mille vingt-trois J’ouvre un livre où méditent les approches approximatives d’un enfant d’un homme d’une femme d’un kiosque où les miroirs du numérique ont remplacé le papier journal J’ouvre un livre embrouillé de pages de lignes et de propos : il y a énormément d’étoiles peut-être trop J’ouvre un livre écumeux salé vagabond bruissant tournoyant navigable indigné inconstant soucieux pacifique dérobé J’ouvre un livre apparemment réel apparemment rêvé celui de ma vie unique longtemps confondue avec celle des autres Un livre de sable de calcaire et de battements d’Elle mon Alice qui dort depuis mille ans entre ses pages vierges

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ÉCRIRE UN POÈME PARTI DE ZÉRO

Écrire un poème
Parti de zéro
Comme le zéphir
De Clément Marot


Écrire un poème
De tout et de rien
D’un peu de mon thym
Cueilli au jardin

Écrire un poème
De petit poucet
Rêveur et rimant
Ses miettes de mots

Écrire un poème
Sur mon estuaire
Le delta du Rhône
Où les taureaux errent

Écrire un poème
D’étymologies
Chants mélancoliques
De nos élégies

Écrire un poème
Sur la peau des nuits
Son corps tatoué
De rêves et d’oublis

Écrire le poème
D’un huluberlu
Hibou ululant
Sur une ombre qui passe 

Écrire un poème
Il faut essayer
Dans l’incertitude 
Pour se ressourcer

Écrire un poème
Parti de zéro
Ouvert vulnérable
Voilà son fin mot











À LIVRE OUVERT

DESSIN DE SABLE 08/12/2020




À LIVRE OUVERT    mais sans pouvoir sur ses lignes    qui se déroulent  et s’échappent    comme des serpents

À livre ouvert     faisant crisser les mots    gros gras grand     grain d’orge   hors jeu      et dans le jeu     d’une scène irréelle

À livre ouvert      tournant dans la nuit    les pages à l’envers        lecture improvisée  pour oiseaux migrateurs      ivres de leurs concerts   improvisés

À livre ouvert     pages arrachées et qui s’envolent capricieuses      offertes à notre humaine condition qui en ces temps crépusculaires       aiment plus que jamais

partager les couleurs les lumières et les sons  toute la part fragile de l’enfance de l’art

où dansent nos idées


	

JE VIS AU VERT





Je vis au vert

Je vis au loin des paysages dévastés par l’inculture des « Moi Je »





Je vis dans le fouillis d’un monde ouvert sauvage

qui se meurt

Je vis le llano la plaine interminable peuplée de tigres et de tatous

de fourmiliers et de perezas

ces extraordinaires singes paresseux

accrochés aux palmiers

« roulant des pensers qu’on ignore »





Je vis au vert

loin du noir éclairé d’un écran de télé

où se succèdent les imbéciles heureux

d’annoncer l’Apocalypse





Je vis au vert

cherchant à parcourir

ces lopins informes et divers

qui forment nos pièces mal ajointées

« Et se trouve autant de différences, de nous à nous-mêmes,

que de nous à autrui. »

ajoutait mon auteur d’Essais préféré.





UN DICTIONNAIRE À PART MOI
patchwork in progress