POÈTES D’ENCRE





poètes d’encres n’oubliez pas la voix




Poètes d’encre n’oubliez pas la voix

Menus propos Joyeux devis

Vos grains de voix





Les voix se croisent comme les fils

Chaîne et trame tissant le drame

Ou l’espérance d’en sortir





Poètes de paroles ne perdez pas vos encres

Blessures de pages

Jusqu’à l’effacement

Celui qui gratte sa vieille peau

Remet à zéro son palimpseste

Mais comme par magie

Un peu de texte

qu’il est en train de faire disparaître

Reste en lui





Encres et paroles en même temps

Cherchant la Voie

Les unes s’allument en noir brillant

Les autres nous quittent

Comme elles nous viennent





Joyeux devis Menus propos

Nos grains de voix





04/02/2021

L’ENFANCE ÉPHÉMÈRE DE NOS JOURS DE FÊTE





« Les souvenirs d’enfance se ravivent quand on a atteint la moitié de la vie.

C’est comme un manuscrit palimpseste dont on fait reparaître les lignes par procédés chimiques. »

Gérard de Nerval





Cul par-dessus tête et roule barrique

Vaches dans le pré bouses séchées

Tuter les grillons bailler aux corneilles

Pêcher la grenouille avec le farouch

(le trèfle incarnat) accroché à l’ancre

Chanter à tue-tête le temps des cerises

Faire des cabanes et des marionnettes

Mettre un crapaud dans le bénitier

Chasser les corbeaux à coups de pétoire

Lancer les agates les boulards les billes

Jouer au béret et au jeu de barre

Pierres polies font de beaux ricochets

Patience et longueur de fil pour brodeuses

d’abeilles brodeurs de ces petits textes

en vers contre tout qu’on ne sait finir

Un conte sans fin mille et une nuits

L’enfance éternelle dans des souvenirs

purs et inventés Ciel par-dessus tête

L’enfance éphémère de nos jours de fête


	

PLANCHES DU PALIMPSESTE

 


Que tu sois environné par le chant d’une lampe ou par la voix de la tempête,
par le souffle du soir ou le gémissement de la mer,
toujours veille derrière toi une vaste mélodie, tissée de mille voix,
où de temps à autre seulement ton solo trouve place.
Rilke
 
la voix du silence
la voie du menuisier faisant sa planche
la planche du palimpseste
qu’il faut chaque jour raboter
 
la voix de la mémoire
la voie d’eau et de feu
sur ce papier sépia qui flotte
entre oubli et nouveauté
manuscrit
sur fond labyrinthique
jj dorio

LA POÉSIE À L’ÂME PALIMPSESTE

 

Je ne crois pas que la Poésie, notre objet essentiel,
fasse connaissance du bâillon.
Sa langue, par essence, échappe aux contraintes passagères...
Une dimension inconnue du verbe
lui permet de circuler sans passeport
à travers les miroirs du monde visible.
 
Jean Ballard
 
 
 
 
La poésie du cirque
et du cercle de craie
de la forêt de conifère
d’hyacinthe et d’or
du magma du chaos
des cahots de l’histoire
avec sa grande hache
 
La poésie sans histoires
sans culotte sans littérature
sans moi sans auteur
la poésie de Babel sans blabla
sans coulpe sans repentirs
 
 
La poésie affirmative
qui coupe le souffle
qui endort les maux
qui adonne sans compter
qui accompagne ma morte
qui bat encore un peu
de voix en voix
de toi en moi de vous en ailes
qui ont parcouru ce flot ininterrompu
d’étincelles et d’escarbilles
polyphonie et babil de la très longue enfance
des poètes aux cheveux blancs
à l’âme palimpseste
qui te salue ma mère
qui t’embrasse ma sœur
ô vous frères humains
 
 
citations incitations Brecht, Baudelaire, Perec, Albert Cohen...

MONOLOGUANT JE DIALOGUE





Monologuant je dialogue

Dans le fournaise de l’esprit

-L’instant engendre-t-il la forme ?

-La forme nous fait-elle voir le temps ?





Je dialogue avec le Songe

-Que reste-t-il de nos amours ?

Il est resté comme un abîme

Entre ma vie et le bonheur*

*Nerval





Je dialogue avec mon double

Qui se fragmente chaque nuit

-Mais quel est ton mot de passe ?

-Recherche du « Comment vivre »





Je dialogue a volo avec le temps perdu

-Mais comment t’appelles-tu ?

-René.e Renaissance





Je dialogue avec ce chat mort et vivant

créé par ce physicien farceur

dont j’ai oublié le nom

-C’est ta contribution à la relativité généralisée

je suppose ?

-Oui c’est l’esprit même de mes poèmes

qu’on ne sait sur quel pied danser.





Je mets en dialogue le texte et le sous-texte

-Tu penses à quoi mon cœur ?

-À l’impensé ma belle !





Je dialogue avec mes toiles peintes d’acryliques

et d’encres projetées

-C’est un art expressionniste non ?

-Oui, mais ce n’est peut-être qu’une

impression soleil levant.





Je fais dialoguer la chouette de Minerve

et le hibou baudelairien

-Et ça donne quoi ?

-Des plumes éparpillées au matin

sur mon oreiller.





Je dialogue avec tous ces textes de papier

que je lis sans cesse

et relie au palimpseste

des pièces perdues ou inachevées