Can vei la lauzeta mover De joi sas alas contra’l rai Que s’oblid’ e’s laissa chazer Per la doussor c’al cor li vai Bernard de Ventadour Tenant à peine debout Dans le jour qui ne parvient pas À se lever Tenant à peine debout Mais suivant les appels De la petite déesse lauzeta L’alouette inscrite Dans la plus haute des poésies Occitane Celle qui s’élance illuminée de joie Contra’l rai Dans les rayons du soleil qui moussent Et font battre les ailes De l’oiseau de Ventadour Puis hésitante, étourdie, s’oubliant, en suspens – on ne saurait dire – Elle fait entendre alors ce chant unique Qui fond de désir et de douceur… Avant qu’un fusil ne vienne l’abattre ! * Quand je vois l’alouette mouvoir De joie ses ailes de soleil Puis s’oublie et se laisse choir Tant la douceur au cœur lui vient (une de mes traductions)
Archives de l’étiquette : éphémère
J’AI CRIS & FIRMAMENTS
J’écris dans l’éphémère cherchant le permanent
J’écris de thébaïdes et d’archipels ancrés dans l’irréel
J’écris glanant éclisses et firmament
J’écris brindilles et branches charpentières
J’écris dans l’espace que m’octroie le temps intemporel
J’écris à l’épreuve de maints coups de martels
J’écris Orion de Bételgeuse et de Rigel
J’écris dans les pas d’un chasseur des Vigies
Qui ne sait jamais d’où va venir
Le mot qui tue ou régénère
DE LA POÉSIE
À un moment donné, donc, je n’ai plus pu me contenter d’écrire des poèmes ;
il a fallu que j’essaie de comprendre ces émotions et le rapport qui les liait à la poésie.
Philippe Jaccottet
La promenade sous les arbres
Poésie, née d’émotion et de confusion, pourvu que l’on essaie de la frotter à notre langage en fusion, nous mène au sommet de l’imagination humaine.
Le mot lui-même, seuls ceux qui s’adonnent à son perpétuel mouvement le savent, est intraduisible. Mais il a un passage obligé : la poésie universelle est liée à la poésie individuelle.
Sans cette liaison amoureuse, il n’y a que l’ « apoésie », l’agitation, la crainte de l’autre en soi, l’obscurité, le chaos, la prose du monde, l’abondance des paroles prisonnières des réseaux asociaux.
Ce n’est que quand les deux poésies se réunissent qu’il y a mouvement, transport, métaphore, vision claire, bien qu’éphémère, et toujours dans l’insatisfaction de l’homme agissant et souffrant.
Les trésors d’harmonie que les poètes dans un vers unique, tissent à partir de leur expérience, sont à ce prix. Poésie est dispersée sur toute la planète. C’est pour ça que beaucoup de poètes locaux ne la reconnaissent pas. Il faut réunir sans cesse ses brins épars.
L’ENFANCE ÉPHÉMÈRE DE NOS JOURS DE FÊTE
« Les souvenirs d’enfance se ravivent quand on a atteint la moitié de la vie.
C’est comme un manuscrit palimpseste dont on fait reparaître les lignes par procédés chimiques. »
Gérard de Nerval
Cul par-dessus tête et roule barrique
Vaches dans le pré bouses séchées
Tuter les grillons bailler aux corneilles
Pêcher la grenouille avec le farouch
(le trèfle incarnat) accroché à l’ancre
Chanter à tue-tête le temps des cerises
Faire des cabanes et des marionnettes
Mettre un crapaud dans le bénitier
Chasser les corbeaux à coups de pétoire
Lancer les agates les boulards les billes
Jouer au béret et au jeu de barre
Pierres polies font de beaux ricochets
Patience et longueur de fil pour brodeuses
d’abeilles brodeurs de ces petits textes
en vers contre tout qu’on ne sait finir
Un conte sans fin mille et une nuits
L’enfance éternelle dans des souvenirs
purs et inventés Ciel par-dessus tête
L’enfance éphémère de nos jours de fête
GÉANTE À LA VOILE BLEUE


jj dorio