manuscrit original sur la couverture et la quatrième de mon premier recueil de poésie publié en 1975
AU LIEU DE S’ÉTEINDRE, à l’âge de mes derniers automnes, une certaine véhémence d’écriture me poursuit.
Témoin ce texte, que je viens d’ « entamer » quelques minutes avant 3 heures du matin, et que rien ne m’incitait à faire courir sur la page blanche. Si ce n’est ces feuilles cartonnées, vestiges de la couverture de mon premier livre imprimé (en 1975), et qui sont dans une boîte de rangement en plastique, à portée de main, à côté de ma table de chevet.
Je l’écris après un réveil, comme il m’arrive d’en faire deux ou trois par nuit, consécutif à un rêve qui traînait, une sorte d’impasse. (J’avais perdu un numéro de téléphone important qui me reliait à mes père et mère. Je voyais sous mes yeux des listes manuscrites, mais je ne trouvais pas, à mon grand dam, le numéro recherché.)
Au lieu de s’éteindre, comme chez l’immense majorité de « mes compatriotes », selon la formule du président de la République, quand il s’adresse à la Nation, voilà que me pressent les mots et les lignes, les vocables et les phrases, plus ou moins correctes grammaticalement, ou un peu, comme cette dernière, de guingois.
Au lieu de s’éteindre, le feu couve en permanence sous la cendre, avec quelques tisons qu’un souffle dans la nuit, rougit, et qui me permettent de « fagoter » (si je puis dire), ces textes sans fin, mais non sans raison.
jj dorio 28/08/2020détailLa nuit bleue cette nuit
se laisse porter
par cette houle bienfaisante
qui libère l'oxygène des phrases
en apesanteur
La nuit bleue est une algue
que je mâche sans compter
en contant ces histoires à dormir debout
aux petites filles de l'Océan - les Néréides
La nuit bleue est si rare
que seules les femmes d'azur
et de patience infinie
savent l'enfanterC’est la nuit de pharaons recomposés
et de chats qui récitent moqueurs
les poèmes de Baudelaire
Nuit bleue des Intouchables
Derniers poètes étoilant de couleurs
Leurs feuilles d’indigotiers