À L’ÉCOUTE





À l’écoute des phrases des choses qui m’entourent,

Des portes, des fenêtres, des murs blancs de ma chambre,

des photos sur la commode, du verre d’eau et des boîtes

de faux médicaments, poudres de perlimpinpin,

des chiens qui couinent chez la voisine, des livres de chevet

qui croisent leur faire et leur laisser dire.

À l’écoute des choses qui occupent ma tête et que j’essaie

de déloger, plume à la main, avec tout ce qui se dérobe,

les rimes, les souvenirs et leur oubli.

À l’écoute des choses qui phrasent sur ce papier,

qui n’est pas du papier, des fenêtres et des portes,

des rimes sur les murs qui défient nos soucis,

et ce dernier vers déterrant les lucioles de nos

boustrophédons.

TEXTES SANS FIN mais non sans raison

manuscrit original sur la couverture et la quatrième de mon premier recueil de poésie publié en 1975




AU LIEU DE S’ÉTEINDRE, à l’âge de mes derniers automnes, une certaine véhémence d’écriture me poursuit.

Témoin ce texte, que je viens d’ « entamer » quelques minutes avant 3 heures du matin, et que rien ne m’incitait à faire courir sur la page blanche. Si ce n’est ces feuilles cartonnées, vestiges de la couverture de mon premier livre imprimé (en 1975), et qui sont dans une boîte de rangement en plastique, à portée de main, à côté de ma table de chevet.

Je l’écris après un réveil, comme il m’arrive d’en faire deux ou trois par nuit, consécutif à un rêve qui traînait, une sorte d’impasse. (J’avais perdu un numéro de téléphone important qui me reliait à mes père et mère. Je voyais sous mes yeux des listes manuscrites, mais je ne trouvais pas, à mon grand dam, le numéro recherché.)

Au lieu de s’éteindre, comme chez l’immense majorité de « mes compatriotes », selon la formule du président de la République, quand il s’adresse à la Nation, voilà que me pressent les mots et les lignes, les vocables et les phrases, plus ou moins correctes grammaticalement, ou un peu, comme cette dernière, de guingois.

Au lieu de s’éteindre, le feu couve en permanence sous la cendre, avec quelques tisons qu’un souffle dans la nuit, rougit, et qui me permettent de « fagoter » (si je puis dire), ces textes sans fin, mais non sans raison.

(UN DICTIONNAIRE À PART MOI)
texte en cours 

LA NUIT BLEUE

étoilant de couleurs mes feuilles d’indigotiers
jj dorio 28/08/2020
détail




La nuit bleue cette nuit
se laisse porter
par cette houle bienfaisante
qui libère l'oxygène des phrases
en apesanteur
 
La nuit bleue est une algue
que je mâche sans compter
en contant ces histoires à dormir debout
aux petites filles de l'Océan - les Néréides
 
La nuit bleue est si rare
que seules les femmes d'azur
et de patience infinie
savent l'enfanter
 
C’est la nuit de pharaons recomposés
et de chats qui récitent moqueurs
les poèmes de Baudelaire
 
Nuit bleue des Intouchables
Derniers poètes étoilant de couleurs
Leurs feuilles d’indigotiers