GUÉRIR LA VIE

Agenda du 22 au 28/02/2021

Lundi 22/02/2021

7h44     « Si la belleza sostiene una cabeza / Bien puede sostener el mundo. » Antonio Gamoneda

                Si Beauté maintient droit une tête / Elle peut, aussi bien, le monde soutenir

(ma traduction…comme on dit)           7h49

Mardi 22/02/2021

7h15          « Libres penseurs », libres senteurs, la seule liberté, les hommes la dédaignent uniquement parce « que s’ils la désiraient, ils l’auraient : comme s’ils se refusaient à faire cette précieuse conquête, parce qu’elle est trop facile. »   La Boétie (Discours de la servitude volontaire)

                Nageant à contre-courant, contra suberna, écrivait le troubadour Ventadour.       7h24

Mercredi 23/02/2021

7h11    – Je ne crois pas que les tableaux, pas plus que les poèmes, soient jamais achevés.

                – Et donc ?

                –  « Plus que l’art lui-même, ce qui compte, c’est qu’il ait répandu des germes sur la terre. » (Joan Miró)

7h20

Jeudi 24/02/2021

8h14        Parmi les formules condensées, mettant en perspective nos visées politiques, celle de Paul Ricœur m’agrée :

« Bien vivre (un art que l’on apprend à exercer) pour, et avec, les autres, dans des institutions justes. »

 (donc, toujours à parfaire).

8h18

Vendredi 25/02/2021

8h19        Avec son exemplaire sous son bras, édité de son vivant, le poète Philippe Jaccottet est allé rejoindre la Constellation des Pléiades, en ce Cosmos, où tout n’est « qu’ordre et beauté, calme, luxe et volupté. »     8h24

Samedi 27/02/2021

6h37        Face à la crise majeure provoquée par la pandémie du Covid.

« On dirait qu’une société entière dit ce qu’elle est en train de construire avec les représentations de ce qu’elle est en train de perdre. » Michel de Certeau (autour de Mai 68)

« Souvent il fallait effacer la nuit le tableau que j’avais esquissé le jour : les événements couraient plus vite que ma plume. » Chateaubriand (durant les soubresauts de la Révolution commencée en 89)

Dimanche 28/02/2021

01h21   Aucun bruit C’est la nuit Qui dort dans son étui Mes oreilles sonnent leurs morphèmes Dans mon lit j’égrène mentalement de Francis Lemarque ses rengaines Le petit cordonnier et (bien sûr) Marjolaine Je suis cet « inconnu sur sa guitare » Le brouillard de la chanson tombe sur la mer que je vois à l’horizon On entend alors les cornes de brume des bateaux qui portent la malédiction de notre civilisation (le lourd pétrole noir) Plume dès lors s’agite sur son papier : « Sous la pression du négatif…nous avons à reconquérir une notion de l’être qui soit affirmation vivante, puissance d’exister et de faire exister » (Paul Ricœur) Artaud le Momo avait trouvé une formule plus percutante Il s’agit de Guérir la vie    01h31


	

UN ÉCRIVANT IMPÉNITENT





J’écris comme ça vient. Et quand ça ne vient pas, je n’écris pas.

J’écris dans le secret des nuits, sous la lumière pâle de mes sept lustres (et demi).

J’écris en essayant d’être le moins possible « personnel ; c’est le défaut majeur des joueurs de rugby, qui oublient de faire la passe à leur partenaire mieux placé qu’eux pour marquer l’essai.

J’écris dans le vertige des mots et des choses, de soi et des autres qui ont merveilleusement écrits et qui nous donnent le vertige des listes, « entre l’exhaustif et l’inachevé.» (Georges Perec)

J’écris formellement sans me formaliser.

J’écris fort de café, laissant à la main entraînée la possibilité de filtrer entre événements réels et imaginés.

J’écris l’éclair et le deuil, le vocable sorti de derrière les fagots ou puisé par Montaigne ou Queneau, le rhizome « qui peut être brisé en n’importe quel point et reprendre en suivant une nouvelle pousse.» (selon Deleuze et Guattari)

J’écris sans rien de commun avec qui je suis. (un peu tout de même)

J’écris en vain mais « quand personne ne me lira » (Montaigne), j’aurai fait mon possible, alléluia, pour donner une forme au multiple et au singulier.

J’écris comme peignait Miró à partir d’un grain de poussière sur la toile, d’une inflexion de voix chère qui ne s’est pas encore tue, du fagot dans ma chambre quand j’avais une cheminée (qui tirait), de la forêt de pins d’Alep qui a brûlé cet été, de la cabane sans cesse commencée qu’imagine et fabrique mon petit fils âgé de 5 ans, à côté de l’étang de Pourra aux mille flamants. (hier 22/12/2020)

J’écris avec le tremblement heureux de mon ignorance et les 750 volumes de la Pléiade qui forment l’ADN de chacun des Sapiens.

J’écris comme ça vient. Et quand ça ne vient pas, je n’écris pas.