SOS Covid SOS se vident Le stade et l’arène Le forum La fête foraine SOS Covid SOS on peine à reprendre la main en parlant dans un masque pour sonner le tocsin Persona per sonare SOS Covid Personne pour guérir La vie des Trépassés L’amour des traits passés Sur un bristol de deuil Sur les feuilles de nuit Écrites au galop Comme un malade SOS Covid SOS Maladeta Sur les chemins de pierre Où les cœurs essoufflés Se ferment et se bronzent SOS Covid Trop d’egos Trop de vide Dans les paroles Des gens de télé Et des spécialistes SOS Covid Le vide et l’énergie Le lâcher prise Le savoir de ne pas savoir Le retrait L’indicible
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L’OUBLI LE BEL OUBLI
À mesure que je vois J’oublie j’oublie J’oublie tout ce que je vois Jean Tardieu En retrait et en tension au seuil de cette écriture aussi fragile soit-elle Retrait au sens premier puisque désormais après 40 ans de labeur tu touches ta pension Retrait mais non « retraite » mot traitre qui semble indiquer que le combat est bel et bien terminé En retrait et en tension mais avec « deux de tension » selon la moquerie À d’autres les ô et les ah ! lyriques de l’excitation factice Non, ici, tension détendue attentive à tout ce que l’on ne saurait dire qu’après un long détour où l’on active, l’âge venu, une faculté décriée : l’oubli le bel oubli.
COMME UN SECRET
On a besoin sans doute de sa tendance à être en retrait, inactive, subsensible*, d’une certaine façon étrangère, lointaine, non participante, parente du végétatif, du secret, de l’envers. Henri MICHAUX *mot inventé une fois une seule (hapax)
le secret – chut ! ne le dis pas – je suis « un amoncellement de choses désassemblées » 1 – je suis toi moi elle – tiens à ma connaissance Pessoa ne s’est pas inventé d’hétéronyme féminin – le secret – non je ne suis pas qui je suis – si tu vois ce que je veux dire !- moi postiche moi pastiche – le secret du secret – work in progress – mais qu’est-ce que tu fabriques ? – j’écris en secret tu le vois bien – ah !ah ! – je chuchote je balbutie dans l’indifférence de la rumeur du monde – en secret avec ceux et celles qui partagent avec celles et ceux qui transforment les paroles en semences d’écrits en empire de capacités – je tresse patiemment ces liens qui nous délient – avec ceux qui la vie durant creusent leurs objets de connaissance – pour tâcher d’y voir clair – ma chère mon cher je vous suis reconnaissants de votre identité ainsi bariolée comme celle d’un.e indien.ne en fête visage de rocou et chants adressés au mythe des origines –si on te demande moustique ce que dans la vie tu fais réponds – chut ! c’est un secret
1 Jean Vilar Chroniques romanesques
J’ai été l’embryon dont je ne sais plus rien aujourd’hui. L’enfant de cinq ans dont je me souviens si peu. L’adolescent dont j’ai oublié tant d’émotions. Le sentiment d’identité émerge d’un remodelage permanent de la mémoire par l’apprentissage de la nouveauté. S’émerveiller, entreprendre, découvrir, recommencer autrement, nécessitent sans doute une part importante d’oubli, d’abandon, de recomposition, de recréation… Jean-Claude Ameisen La sculpture du vivant
*
La poésie est une métaphysique instantanée. En un court poème, elle doit donner une vision de l’univers et le secret d’une âme, un être et des objets tout à la fois. Si elle suit simplement le temps de la vie, elle est moins que la vie; elle ne peut plus que la vie qu’en immobilisant la vie, qu’en vivant sur place la dialectique des joies et des peines. Elle est alors le principe d’une simultanéité essentielle où l’être le plus dispersé, plus désuni, conquiert son unité. Gaston BACHELARD

LE CORONA DU CORPS HONNI
Le corona pour moi
Ça change rien de rien
Il y a longtemps que j’vis
Ma retraite en retrait
Depuis que le cancer
A tué ma moitié
Le corona pour moi
C’est du pipi de chat
Sur du rhododendron
Un caillou sans cervelle
Du boudin sans son sang
La charrue de mon père
Tranchant les courtilières
Le corona du corps honni
J’m’en lave les mains
Même si je meurs demain
J’aurai bien ri
Du corona
Du corps honni