PREMIER BAIN DE MER

Fos sur Mer 24 juin 2020

BAIN DE MER





Premier bain de mer – l’été sans mer je meurs à petit feu –

Ici sur ma plage de 36 et de 68 je suis entouré d’enfants

qui rejouent le mythe des origines –la mer la mère toujours

recommencée – ils courent à la mer avec leurs petits seaux

ils passent le sable au crible de la grande illusion

ils n’arrêtent pas de bâtir et de débâtir leurs châteaux

en Espagne et surtout ils rient ils crient ils s’interpellent

ils portent l’eau de vie des poètes de sept ans et de soixante

dix-sept ans –disons- dans le plein soleil l’azur les bateaux

tout ce saint-frusquin que l’on vend dans les cartes postales

Mais ici chez moi sur ma page de sable et d’or ce ne sont

qu’émotions rêves et désirs que l’on dit au papier à la mer

qui nous vient du dedans comme un étourdissement passager





Fos sur Mer « la grande plage » 400m de sable

face aux navires porteurs d’essences noires

et de mythes secrets

QUAND RÊVE M’ENVELOPPE DANS SON LINCEUL

manuscrit
photo tronquée
écriture et « hypnographies »
à l’encre de Chine
Dorio 16/05/2020





Je me réveille je perds le fil
Du rêve qui était en train 
De me tisser une de ses histoires
Où il m'enveloppe dans son linceul
Pour me rendormir oublier Rêve
Je me mets à compter
Les grains de sable de l'Univers
Qui nous regarde
Compter ce qui n'a ni début
ni fin

Je me rendors je me réveille
Et même "entre" ces deux temps-là
J'aide le vieil écrit a tisser sa toile
Fantôme errant dans sa bibliothèque
Qu'un autre que lui nommait
Sa librairie

Ainsi vivace le corps écrit
Pense ses plaies
Marche sur les braises
De ce volcan
Qui peu à peu
S'apaise
16 mai 2020

1789 PAS SUR LE SABLE DES CORRESPONDANCES

 
Je suis assis sur un tronc échoué, j’ai compté 1789 pas dans le sable pour y accéder. Ce sera, le temps de mon écriture, l’arbre de la Révolution.
4 bateaux à l’ancre, un autre là-bas dans la darse du trafic, dont l’on décharge je ne sais quel or noir.  
Jérôme Bosch aurait pu le faire figurer dans la partie bitumeuse de son Enfer.
Les planches à voile comme des flèches sillonnent la surface des eaux.
J’imagine que le sable que je fais couler entre mes doigts est celui du Sahara. Comme celui coloré de cet immense sablier avec des parties calligraphiées, que j’ai acquis dernièrement grâce à une amie galeriste.
1789 pas, comme autant de notes comptées par Phil Glass pour son Einstein on the beach – c’est le cas de l’écrire.
1789 pas, maintenant, à faire en sens inverse. Sans compter.  
L’exercice se termine. On ne commande aux correspondances qui nous envahissent, en ces moments particuliers, qu’en leur obéissant.

(Petit carnet des bords de mer)