VOYELLES VOYELLES

Je ne vois pas les cinq voyelles de Rimbaud
Ni Ô clairon ni A corset ni U viride
Pas plus I sang craché que E frissons d’ombelles

Je vois A infracassable noyau de nuit
De l’amour admirable contre la vie sordide
Je vois U brin de bruyère et bouquet de houx vert
Odeur d’un temps maudit où j’enterrai ma belle
Je vois le I d’Amarcord io mi ricordo
Je me souviens de ses manines de printemps
Je vois la lésine les helminthes les lices
O la musique balançant Mood indigo
Le bleu de l’azurite et du café moulu
E la fleur d’un futur  erreur d’éternité
La fin de mes voyelles juste pour l’aujourd’hui

Martigues 12 août 2023
avec Arthur Rimbaud pour ses Voyelles, André Breton (infracassable noyau de nuit) Hugo/Apollinaire bruyère, houx vert odeur du temps 
poèmes « dits » à l’enterrement de ma belle, Fellini pour Amarcord, Duke Ellington mood indigo, Michel Leiris pour le futur erreur d‘éternité
…et le reste


JE N’ÉCRIS POINT CE SONNET C’EST LUI QUI ME FAIT


Je n’écris point ce sonnet c’est lui qui me fait
De ses ongles dorés de sa main grassouillette
Je n’écris point d’amour de beauté de douceur
De plaisir de bon-heur de faveur de trésors
Ce sont affects perdus si j’en crois Du Bellay
Il a perdu l’ardeur en son for intérieur
Il se languit s’ennuie pâtit de ses Regrets
Et nul sinon l’écho ne répond à sa voix
Le même sut pourtant passer souvent le gué
Faire sonner la lyre d’une âme énamourée
Ô gorge damasquine en cent fois figurée !

Nous sommes même et autre heureux en liberté
Ou serfs de mille maux Nous consumons notre âge
Ou bien de mille mots faisons chanter nos rages

En lisant et récrivant Les Regrets





LES ERREURS AMOUREUSES ACCOMPAGNENT MORPHÉE

 

Les erreurs amoureuses accompagnent Morphée
En ses Métamorphoses Il confond lis et rose
Ceignant les bras de son âme « espamée »
Proche par conséquent de tomber dans les pommes

En voyant en imagination sa maîtresse
Le voilà fol sourd muet et sans âme
Son propre cœur bondit et à nouveau « se pâme »
Le trop de joie entraîne sa tristesse

Vous perdez temps lui dit alors sa dame
Augmentant par ces mots sa passion
Que le poète nomme sa Cupidine flamme

Quand je relis cinq siècles après ces vers
Qui eurent en leur temps valeur et utilité
Je ne puis m’empêcher moi aussi d’en plourer

Mélanges : Pontus de Tyard, Ronsard, Philibert Bugnyon, Jean Jacques Dorio

TE PLAIRE ET TE DÉPLAIRE SELON MES VERS

Te plaire et te déplaire selon mes vers
Te chanter t’encenser d’une aile inusitée
Te permettre d’atteindre les célestes beautés
Si périssable est toute chose née

Te plonger dans les mythes des driades des forêts 
Qui naissent avec l’arbre sur lequel elles veillent
Te comparer à Diane la chaste Cynthienne
Si notre vie est moins qu’une journée

Mes vers ici se brouillent répétant cette antienne
Du grand amour le soleil de mon âme
Qui me brûle et m’enflamme
Chassant mes jours sans espoir de revoir
Ma reine ma déesse gisant au Vistemboir
Cimetière des sonnets où les morts apportent leur manger et leur boire

avec Du Bellay (les deux éditions de l’Olive) Guillaume des Auletz (1529-1581) et Emmanuelle Chevalier  éditrice des éditions du Vistemboir






SANS Y PENSER JE CHANTE Ô CHOSE VAINE

11
Vous qui lisez Sonnets ainsi récrits
De divers styles où le temps je poursuis
Le temps perdu et le temps retrouvé
De telle année tel jour telle pensée

Vous qui lisez ce jour où pris d’amour
Le Poëte de Laure fut frappé
C’était souvenez-vous en Avignon
Un vendredi saint assure la chanson

Sans y penser je chante ô chose vaine
Cet amour romancé imaginaire
Nourri par la Fontaine de Vaucluse

Vous qui oyez ce chant ainsi déduit
De sonnets d’un Philleul de Carpentras
De vos soupirs quand à la fin Amour est close

Vasquin Philleul de Carpentras (1522- ?1582)
On sait que notaire à Carpentras il fit paraître Laure d’Avignon
Extrait du Poète florentin François Pétrarque
Un notaire sicilien Giacomo da Lentini surnommé « El Notaro »
serait « l’inventeur » de cette forme reine