TROIS HEURES TREIZE

Trois heures treize
Ma sœur Thérèse
La nuit est belle
Sous la chandelle
Les vers s’égrènent
Issues et graines
Voix solitaire
On ne peut taire
Cet air très vieux
Que rajeunit
Ce nouveau dieu
Qui toujours nie

Trois heures vingt
Frère Sylvain
La nuit rebelle
Blonde aux yeux noirs
Flamme éternelle
Vêtue de noir
Les vers chancellent
De purs sanglots
Le chant de celle
Partie trop tôt
L’horloge sonne
Il n’y a personne

À LA POURSUITE D’UNE PAGE PERDUE

À la poursuite d’un poème que je n’arrive pas à rattraper
C’est qu’il manque sans doute de réalité
Telle cette lecture assassine avec des yeux d’Adjiani
(je devrais mettre des guillemets)
Au pays d’Agagaragon on écrit des vers de la prose
On a quelque chose de Jekkyl et de Hyde
Del viejo leyendo novelas de amor
de The old man and the sea
Si par cette nuit d’automne un voyageur
reconnaît dans cette page perdue
le principe de l’iceberg
Nous ne lisons qu’un dixième de la page
Le reste sous le texte sont paroles gelées

Martigues 15 décembre 2023


ON VA BIEN VOIR : les mots dignes d’extasiement 13/16

on va bien voir
la bergeronnette jaune
suivant les labours
becquetant les vers 
et les vermisseaux

on va voir
le langage arraché
quand il est chiendent
qu’il étouffe
les mots rares
dignes d’extasiement


on va voir
s’échapper les heures heureuses
sans regrets

26/09/2023 02 :01



LES MONDES SE MÉLANGENT L’ANCIEN ET LE NOUVEAU

Les mondes se mélangent l’ancien et le nouveau
Ô monde, mais immonde ! Ô grand tout mais un rien !
Tous ces cercles roulants qui embrassent le monde :
J’y amarre le feu, l’air, la terre avec l’onde

Je recopie ces vers en ôtant le divin
Seigneur Dieu la cause de l’entier gouvernement
Mais Grevin qui l’affirme sait noyer le poisson
Lecteur assidu de Platon et d’Aristote
Il fait douter ses ouailles : Je n’en retire rien
Qu’un chaos plus souvent Nulle ferme assurance
de son propos ne se dégage, de son gentil tourment

Ô mélange du monde ô mondaine inconstance
Vivons donc constamment ma toute désirée !


Jacques Grevin (1528-1570)
Venus du Beauvaisis, il étudia dans l’Université de Paris.
Il joignit à la connaissance des Belles Lettres la science de la médecine.

BELLES FLEURS FEMMES ET NYMPHES À LA FOIS

5

Belles fleurs, circulez au jardin de l’été

Cachez vous du soleil et préférez l’aurore.

Innocentes beautés, de passe, qui ont été

Éclatantes, pimpantes et plus belles que Flore.

..

Je vous écris, les Fleurs, com si vous étiez Femmes

Et Nymphes à la fois, Beautés quasi divines,

Reines de nos émois, plus légères que flammes.

Je vous écris perclus d’un siècle sans racines.

..

Et cependant j’insiste encor mes belles fleurs

Comme un appel subtil, une émanation forte

De pure épiphanie. Une passante en pleurs

Me dicte litanies, poèmes à ma morte,

Que la beauté d’un vers revigore.

..

Belles Fleurs dont je cueille cette ultime embellie.

..

Avec Vincent Voiture (1597-1648)

poème 5 issu de la série Lir’écrire encor des sonnets? Il faut être sonné!

Belles fleurs poème dit sur la musique et la voix de Anita o Day in Early Autumn