AJOUTAGES

J’ajoute et ne corrige pas

J’ajoute ces presque riens

Nés de je ne sais quoi

J’ajoute par poignée

Mes Glanes

Ne me demandez pas

Pour qui sonne le glas

J’ajoute des pages

De la Disparition :

qui a l’air d’un roman

d’un individu (Anton Voyl)

dormant tout son saoul

L’art pour l’art

C’est de l’air

Sur l’incendie

Des Pennes Mirabeau

L’Art de la Joie

Chasse les peines

Cet art est fou

Feu et ferveur

Fièvre des mots

De Dora Maar

La femme qui pleure

Si vous n’aimez pas

Cet art de l’ajoutage

Vous avez sûrement tort

C’est que vous ignorez

Que quand votre esprit s’égare

Plus tard vous le retrouverez

Mieux ça vaudra

L’ÉCRITURE ABRACADABRANTESQUE

Non pas Cobra ni Dante ni le Brabant du laboureur de l’an 40

Mais l’écriture en marchant de deux impétrants née entre Panthéon et la fontaine du Boulmich

Cette nuit sans tambour ni trompette

L’écriture automatique fait sa lessive

Elle étend ses chants magnétiques

À la Bugade de Villeneuve les Avignon

À Grenoble Ville Nouvelle

À Martigues Venise provençale

C’est l’écriture Jean de Nivelle

Qui fuit quand on l’appelle

Et qui revient au bercail

Quand on l’attend la moins

Quand la mer en allée

Emporte le soleil de l’éternité

Quoi Science avec Patience

Et surtout on y entre sans frapper

TOUT VIENT

Tout vient se chevaucher les armes et les larmes les amers les amours

Je reprends des écritures que j’avais oubliées Je les lis – c’est peu de le dire- comme si elles étaient d’un autre que moi

Ces lignes cependant dont j’ignore le hasard qui me les fit écrire sont toutes passées par ma main qui les a tracées noir sur blanc

Ce sont les forces et les faiblesses de ce que j’écris sans cesse Ce qui m’échappe se dérobe ou ce qui vient après forces ralenties

Écritures appliquées ou celle d’un chat qui passe cette nuit sur la pelouse de mon jardin imparfait éclairée par la lune en son dernier croissant

Martigues 24 mai 2025

DES RÊVES

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« Le rêve est une seconde vie. Je n’ai pu percer sans frémir les portes d’ivoire ou de corne qui nous séparent du monde invisible ». C’est la profession de foi de Gérard de Nerval  qui introduit ainsi sa dernière œuvre écrite, Aurélia, commencée à la clinique du docteur Blanche (fin 1853), terminée en Allemagne au printemps 1854. « Je vais chez Rêve chercher la petite âme… », proclame le chaman Setuuma Püshaina, du clan du pécari, confiant ses manières d’opérer, à l’ethnologue Michel Perrin : « Aux chamans et chamanes les rêves disent tout ! » Retour à Gérard, qui livré à sa seconde vie « a l’impression de tout comprendre », éprouve une force et une activité doublées, une imagination lui apportant « des délices infinies ». Il ne savait pas que mettant la main à son œuvre ultime, il allait ridiculement « se pendre au réverbère. »

Rien n’était écrit travail en cours

MA MAIN D’ÉCRITURE

S’aventurer encore une fois avec sa main d’écriture écrivant noir sur blanc sur un carnet petit format

Il faut une main pour créer un langage singulier pour contrarier le cours des choses qui ne vont pas de soi

Intelligente et bête quand elle écrit les fadaises que l’on entend dans les médias

Communicant sont goût des lettres choisies avec soin ou fantaisie jouissive

Philosophe aussi si elle veut bien se frotter  aux poreuses apories

Ma main dessine dans la nuit les formes qui me lient au texte en fragments contradictoires mais résolus à figurer jusqu’au b(o)ut les contours d’une vie