Faut pas en dire plus Cacher les mots sous la cendre Son crâne rempli de poèmes (Une image de Maïakovski) Faut dire adieu à la rime À la vision crépusculaire Rencontrée sur le boulevard du Crime Faut dire Adieu à Nerval Retrouvé pendu à un réverbère Rue de la Vieille-Lanterne Faut en finir avec la desdicha -le mal/bonheur- et le desassosego -l’in/tranquillité- Ou bien les consommer Ni trop Ni peu
Archives de l’étiquette : Nerval
BLANCHE PAGE
Chaque nuit dans mon lit entouré de murs blancs, de livres et de papier à lettres, je refais, par intermittence, le monde…porté par l’incandescence, l’effervescence du dedans (le for intérieur) et l’ivresse d’une écriture clandestine…celle d’un nomade sédentaire qui dans le désert plante une nouvelle tente…montée, démontée, remontée…blanche est la nuit, blanche est la page qu’il convient chaque nuit de réinventer…

Blanche bel et bien blanche On croit que c’est une nouvelle page Mais c’est toujours la même Que l’on farcit De ces lignes caractéristiques Qui flottent Chimères ou souffle rauque Comme le suggère le poète d’El Desdichado Blanche magie sur ce dimanche Que l’on commence -juste après minuit- par cette page Offerte à ceux et celles Qui font de leurs rêves Une seconde vie Dimanche 26/09/2021
QUELQUES RICOCHETS SUR MON ROMAN DE BAMBOU 23,24,25
vingt-trois
DEUX NUAGES SUR UN OPÉRA DE BAMBOU, minutieuse, (peut-être), mais méticuleuse, point. Cette préface sans signature, dont on peut supposer qu’elle fût dictée par l’auteure, avait le charme des formules à l’emporte-pièce, où régnaient la bonne humeur et l’innocence d’un premier ouvrage qui allait être publié.
« IMAGINER sans retenue, mais, OBSERVER lucidement », lisait-on aussi. Et par exemple, à propos d’un vers unique ainsi libellé, « Deux nuages sur un opéra de bambou », la narratrice précisait que cet alexandrin (fortuit), lui était apparu, alors qu’elle essayait de jouir d’un premier somme, s’endormant sur une nouvelle, traduite du japonais et qui avait pour cadre le célèbre jardin Zen de Kenroku-en.
Je rallumais et notais ce vers unique sur un petit carnet à spirale, comme on note les silences, sur une partition de musique contemporaine ressemblant à un calligramme.
vingt-quatre
SACHANT QUE J’AVAIS L’INTENTION DE FAIRE DE LA LITTÉRATURE, elle m’avait fait appeler pour me faire savoir que chez elle, je rencontrerais des écrivains. Autant me convier à une soirée d’ombres chinoises, avais-pensé immédiatement. La seule envie d’écrivain ou d’écrivaine que j’imaginais, c’était de les voir, en cachette, en train d’écrire à leur table ou ailleurs, et d’observer tous leurs tics et manières, minutieusement ; leurs ronrons au milieu d’un salon était pour moi la négation de leur profession.
Je préférais lire Balzac qui épuisait ses plumes et encriers des nuits entières.
Je me privais ainsi de la jouissance des conversations sans fin, et j’ignorais que ce pauvre Honoré, obsédé par l’argent, se tuait à la tâche pour envoyer aux journaux ses textes bouclés qui paraîtraient sous forme de feuilleton, avec en prime un peu d’argent frais qui lui permettrait de rembourser ses créanciers.
vingt-cinq
CE QUE J’AIMAIS EN TE LISANT, ma chère inconnue, rencontrée par hasard, dans ce salon de plein air, c’était nos croisements inattendus, évocations de tel ou tel personnage, paysage, ramages, que je faisais « ricocher » sur des aspects de ma vie, jusque-là enfouis dans ma mémoire morte. Oui, en te lisant, je ressuscitais ce coucher de soleil vu depuis la dune du Pilat, je réentendais un trio de jazz soutenant une chanteuse russe à Washington Square Park, je courrais comme un dératé devant les taureaux lâchés dans les rues durant la feria de Vic Fezensac, je tournais autour des statues de reines « saintes et dames illustres » du jardin du Luxembourg, en me remémorant quelques vers de Nerval et de Villon.
C’étaient ces forces de renouvellement, qui nous permettent de déchiffrer en nous-même, des pensées qui d’habitude nous échappent.
FOLLE SAGESSE D’UN CURIEUX CONFINÉ DANS SA LIBRAIRIE*
*(au sens de Montaigne
c’est-à-dire sa bibliothèque)
furtivement je circule
dans mes objets accumulés
sous forme de livres – parcelles,
lopins, modèles réduits
de la prose du monde
et de l’enchantement, qui réfléchit,
dans des modes de rêveries inouïes,
sa poésie.
c’est la curiosité qui me guide,
son espace anachronique,
ses « côtés de Guermantes »,
avec « ses sept ou huit figures différentes »
et « cette tour de Babel
en deux cents volumes »
qui ont la capacité
« de rendre fou un sage.
Et ajoute Gérard de Nerval,
confiné dans la clinique
du docteur Blanche,
« de rendre sage un fou ! »
jean jacques dorio
01/12/2020
C’ÉTAIT LA NUIT
C’était la nuit
L’honneur des poètes
Que personne plus ne lit
C’était la nuit
Spirale d’un Nerval
« engloutissant les Mondes
et les jours ! »
C’était la nuit
Celle qui donnait le souffle
« aux enfants du limon »
C’était la nuit
Sous la grotte Sibylle
Bredouillait ses énigmes
C’était la nuit
La nuit désenchantée
L’esprit de poésie
D’un poème oublié
14/11/2020