SEIZE LUSTRES ACCOUCHÉS SUR LE PAPIER

On n’a pas tous les jours quatre fois vingt ans

Quatre fois vingt piges ou seize lustres

Voilà c’est fait à l’instant ce vingt quatre mars

Quand en 1945 je naquis

Ça crée forcément un certain vertige

En même temps qui puis-je ?

Je compte quatre-vingt mentalement

Vide et plein

En respirant songeant au fil du double jeu : inspiration expiration :

Un deux trois quatre cinq six sept huit neuf dix onze douze treize quatorze quinze seize dix-sept dix-huit dix-neuf vingt vingt et un vingt deux vingt trois vingt quatre vingt cinq vingt six vingt sept vingt huit vingt neuf trente trente et un trente deux trente trois trente quatre trente cinq trente six trente sept trente huit trente neuf quarante quarante et un quarante deux quarante trois quarante quatre quarante cinq quarante six quarante sept quarante huit quarante neuf cinquante cinquante et un cinquante deux cinquante trois cinquante quatre cinquante cinq cinquante six cinquante sept cinquante huit cinquante neuf soixante soixante et un soixante deux soixante trois soixante quatre soixante cinq soixante dix soixante sept soixante huit soixante neuf soixante dix soixante et onze soixante douze soixante treize soixante quatorze soixante quinze soixante seize soixante dix sept soixante dix huit soixante dix neuf quatre vingt

Voilà j’y suis

J’éteins le lustre de ma chambre

Retour au calme

Il est quatre heures pile comme c’est inscrit sur le livret d’état civil

Voilà ton fils Mère

Quatre-vingt ans après que tu l’eus mis au monde

Qui pense fort à toi

C’est la moindre des choses

C’est ce que je te dois

Mon éternelle maman

Ma mère

Chanson JJ Dorio Enregistrée au studio du Petit Mas à Martigues

Accompagnement guitare Philippe Bruguière

SUNT LACRIMAE RERUM


Avec les citations dont je fais des bouquets
J’entretiens des rapports d’amitié
Sunt lacrimae rerum
et mentem mortalia tangent

« Toutes les choses ont leurs larmes
qui émeuvent le cœur des mortels »

Les livres désormais m’entretiennent durant le repas
Nulle chose ne me fait pleurer
Mais leur saveur enfuie qui me la fit partager
- et sans cesse apprécier –
Avec celle qui de l’autre côté de la table
N’est plus là

Et avec qui nous fêterions
Son anniversaire ce jour d'hui

Martigues 10 avril 2024

ON FAIT TOUJOURS BIEN TROP D’HISTOIRES

On fait toujours bien trop d’histoires
C’est ce que je me dis lisant
un bouquin qui dit Arrêtez
vos histoires mais écrivez plutôt
des poèmes en vers innocents
des berceuses nananana
un chant permanent de l’esprit
pour ses enfants et sa nana
Ou bien histoires pour histoires
On les confierait à quelqu’un
de plus compétent pour les dire
Par exemple dans cet esprit
Il ferait un vers magnifique
pour vous souhaiter l’anniversaire
qui après tant d’années s’enfonce
dans l’océan du grand mystère

Martigues dimanche 24 mars 2024

Ajout recopié d’un autre bouquin :

La vie ne commence pas le jour de sa naissance. Tous les événements survenus pendant les neuf mois de la vie intra-utérine et au moment de la naissance peuvent avoir des répercussions sur sa vie future.

ma mère paroles musique voix son fils jj dorio version ce 24 mars 2024

77 PIGES

La figure bienveillante, camuse et douce, ils semblaient s’avancer d’un air de bienvenu en chantant l’Alleluia d’un beau jour. 


Marcel Proust


 J’ai les deux 7 des ans
Qui s’assemblent
Cette nuit

Ça arrive
Sans crier gare

Pour fêter l’événement
(façon de parler)
Je l’ai noté sur ce papier
Après avoir bien tergiversé
(comme l’indique la page 
ci-dessous scannée)

Bon foin d’hésitations
C’est pas le moment de caner
Va pour 77 piges !

Et merci de m’offrir
En guise de viatique
Le dernier Quadrige



LETTRE POUR UN ANNIVERSAIRE

lettre de Raymond Queneau
à Jean Jacques Dorio
original




LOIN DE RUEIL     ce 24 mars 1945                                                                                                                                     PRÈS DES MARTIGUES 24 mars 2020

                                                                                                                                                               





Mon cher Dorio,

Tu viens de naître, je le sais, mais je me suis débrouillé avec le dieu du Temps pour que cette lettre ne t’apparaisse que le jour de tes septante et cinq ans. À l’avance j’en trépigne de joie. Et question java, jour de fête, poésie pas fière pour un sou, j’ai pas d’souci. On t’a fait à la bonne graine, à cinq heures du matin, (c’est marqué sur le livret) d’un printemps retrouvé après cinq ans d’obscurité.

Et pour le reste en ce jour où l’on éprouve ses artères, styles, exercices et tout le bataclan, je me suis fendu de ces quelques vers dont tu feras, à ta guise, complainte, ballade ou chanson grise.





La vie court on ne sait où

Avec ses pattes longues et courtes

Le temps passe on ne sait quand

Mai 68 entre ses dents





La vie remue son R son Q

Chêne et chien Pins et cigales

Le temps JJ lance ton D

Et ses six chiffres qui roulent

Et roulent jusqu’à ta mort





Mais chut en c’jour faut pas l’écrire

La mort n’y mord disait Clément

L’amour nie le jeu d’la mourre





Chantons le jour où nous naissons

Et renaissons en affirmant

Xa va xa va xa va durer encor

Un p’tit bout d’art poétique

Par ci par là et caetera





À toi mon pote ces lignes qui flottent

Et au Virus Couronné de l’éternelle Pouaisie





Ra i grec mond Que n’eau (ter)