

jj dorio
Jean Jacques Dorio Un poème inédit par jour


jj dorio

À LIVRE OUVERT mais sans pouvoir sur ses lignes qui se déroulent et s’échappent comme des serpents
À livre ouvert faisant crisser les mots gros gras grand grain d’orge hors jeu et dans le jeu d’une scène irréelle
À livre ouvert tournant dans la nuit les pages à l’envers lecture improvisée pour oiseaux migrateurs ivres de leurs concerts improvisés
À livre ouvert pages arrachées et qui s’envolent capricieuses offertes à notre humaine condition qui en ces temps crépusculaires aiment plus que jamais
partager les couleurs les lumières et les sons toute la part fragile de l’enfance de l’art
où dansent nos idées

UN FLEUVE D’ART ET D’OR PAILLEUR
Un fleuve d’art
et d’or pailleur
Paille et poutre
De la cave au grenier
Du grenier
où l’on voit les Constellations
sur les 23 toiles roulées
par Joan Miró
Aujourd’hui
c’est dimanche
je me dis
quoique je fasse
il n’y en aura pas deux
comme celui-là
C’est le dernier jour de mai
deux mille vingt
J’entends la première tourterelle
de l’aurore
Mais je ne vais me hâter
de quitter le lit
Corps allongé
Plume arrêtée
Je dicte ce faux poème
à la secrétaire
Madame Puérilité
FIGURES DE L’ART MODESTE
Figures d’homo ludens :
Fais de ta vie une œuvre d’art
Qui ne s’expose dans aucun musée
Figures aux sens multiples échangés
À contre-courant d’une société
Qui fait du marché de l’Art une bulle
FIGURES DU DON ET DU CONTRE-DON
De l’humour et de l’autodérision
Du petit oiseau dans ta tête
et « du bruit fait avec tes pieds »*
Figures d’un art modeste
qui nous aide à nous réinventer
*Yo quiero hacer un ruido con los pies
Y quiero que mi alma encuentra su cuerpo
Nicanor Parra
Je veux faire du bruit avec mes pieds
Et je veux que mon âme son corps intègre
(ma traduction)
pour prolonger ces figures du don et du contre-don
http://reveusedemots.blogspot.com/
a thing of beauty is a joy for ever Keats
une chose de beauté est une joie pour toujours
La mort n’y mord
Clément Marot
Tout ce mélange
des funérailles anciennes
et des convois mortuaires
interdits
Avril
les fils se rompent
à l’hôpital des peines
L’art de mourir des littératures
s’est mué en mort artificielle
Les morts ne sont plus là
pour dire leur parole dernière…
Même parlant sans rien dire
ou râlant encore un peu
dans le style pathétique
et futile
de leur souffle dernier