CHANSON D’AUTOMNE ET DE FIDÉLITÉ

Oh ! l’automne l’automne a fait mourir l’été


Guillaume Apollinaire

Je pense donc je suis n’est pas ma tasse de thé
Je pense au petit café où nous avions rendez-vous
Je pense au jukebox et au citron pressé
Je pense à nos têtes qui tournaient
Aux sons de mon manège à moi
Je pense aux flonflons de la fête
Et aux toiles de Manet
Je pense aux froufrous de ta robe soie
Ce 22 septembre où pour toi je chantonne
Cette chanson d’amour et de fidélité


sur mon cahier d’écolier un dessin du 27 mars 1972

AUTOMNE NICHÉ SUR UNE FEUILLE DE PAPIER





À livre ouvert mais sans trop de pouvoir sur ses lignes qui se déroulent et s’échappent comme des serpents

À livre ouvert faisant crisser les mots gros-gras-grand-grain-d’orge qui nous remettent en tête nos années-théâtre

À livre ouvert tournant dans cette nuit d’équinoxe de l’automne les pages à l’envers lecture improvisée pour oiseaux migrateurs 

À livre ouvert pages arrachées et qui s’envolent capricieuses offertes à notre humaine condition qui en ces temps crépusculaires aiment plus que jamais partager l'esprit des couleurs des lumières et des sons 

Toute la part fragile de l’enfance de l’art posée sur cette feuille qui fit assaut de mémoire  

CANTILÈNE D’UN JOUR D’AUTOMNE





Le dernier jour d’octobre aujourd’hui

À l’automne de ma vie





La main du temps

 Me sert ses cantilènes

Mélancoliquement





Ou bien

Loin des clichés

sanglots longs

et amours jaunes

C’est Marcel Proust

qui se souvient

d’un marchand d’escargots

On les vend six sous la douzaine !





Rouge auroral

La page tend ses bras

Aux voyageurs solitaires

Qui la déchirent

Ou la reçoivent

les lèvres frémissantes





Inexplicablement