SANS Y PENSER JE CHANTE Ô CHOSE VAINE

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Vous qui lisez Sonnets ainsi récrits
De divers styles où le temps je poursuis
Le temps perdu et le temps retrouvé
De telle année tel jour telle pensée

Vous qui lisez ce jour où pris d’amour
Le Poëte de Laure fut frappé
C’était souvenez-vous en Avignon
Un vendredi saint assure la chanson

Sans y penser je chante ô chose vaine
Cet amour romancé imaginaire
Nourri par la Fontaine de Vaucluse

Vous qui oyez ce chant ainsi déduit
De sonnets d’un Philleul de Carpentras
De vos soupirs quand à la fin Amour est close

Vasquin Philleul de Carpentras (1522- ?1582)
On sait que notaire à Carpentras il fit paraître Laure d’Avignon
Extrait du Poète florentin François Pétrarque
Un notaire sicilien Giacomo da Lentini surnommé « El Notaro »
serait « l’inventeur » de cette forme reine

J’ÉCRIS opus 20





J’écris la Cerisaie

J’écris sous la petite pluie qui tombe sur la Cour d’Honneur

Ce 12 juillet de l’an deux mille 21





J’écris éberlué par le jeu des acteurs entourant Lioubov

J’écris électrisé par l’actrice qui l’incarne

Qui semble n’avoir pas d’âge

Et dont le corps tout feu tout flamme

Traverse comme un fantasme éveillé

La dernière pièce d’Anton Tchekhov





J’écris Huppert

Toujours Upper





J’écris la main sur le texte

Traduit par André Markowicz

Et Françoise Morvan





J’écris mouché

Par ce masque en papier

 Sur lequel rebondissent les répliques





J’écris en sandale

Jouant au scandale de jeter l’argent de la pièce

Aux spectateurs trempés comme soupes au lait





J’écris C’risaie

Sous les risées d’une vie dérisoire

De personnages faillis

Qui s’effondrent





J’écris éjecté de mon siège

Par la ruse de l’Histoire début d’un nouveau siècle

Qui confond le XX° et le XXI°





J’écris ânonnant mes impressions

Sur de petits tickets

D’un métro fantôme





J’écris comme le fils d’un paysan de l’Ariège

Et non celui de ce moujik marqué au fouet

Jouissant de sa vengeance

En rachetant en fin de Conte

Toute la propriété

Qu’il s’empresse d’abattre à la hache

À la hâte d’accueillir

Le monde acculturé de la bourgeoisie argentée





J’écris percuté, tourmenté,

Débaroulant la pente d’un monde Titanic





J’écris désassemblé

Dans une assemblée

Où chacun croit trouver refuge

Sous son parapluie





J’écris comme le font les poésies

Qui crépitent et miment

Toutes les Utopies

J’écris Utopiste

Le front collé sur le cahier des charges :

Sauve qui peut Survie





J’écris couleur isabelle

Chatte, chaton et Reine

de la Reconquista





J’écris petit roi déchu fuyant l’Alhambra

J’écris poète dépourvu

Énergisant le corps du texte

D’une danse ténue têtue