L’ARC ET LA LYRE





Bajo tu arco la noche duerme

Velan tus brasas

Octavio Paz





 Sous ton arc dort la nuit dort

Veillent les braises

(ma traduction)





La nuit me tend son arc

El Arco y la Lira

Echos de Paz

Le bien nommé





L’arc et la lyre

La flèche de Zénon d’Élée

Qui vole immobile

Et la lyre d’Orphée

Qui fait danser les Muses





Paix aux mille soleils des insomnies

Litanies des commencements

Épiphanies des songes

Pierres vives où l’on grave nos chants

J’AIME L’ALLURE POÉTIQUE

hypnographies la main parle à la page




Dès ma première enfance, la poésie a eu cela,

de me transpercer et me transporter.

J’aime l’allure poétique

À sauts et à gambades.

MONTAIGNE





Sur l’ardoise, ce coup de craie.

Et toc, toc, toc, cette musique

que faisaient nos mains écolières.

Jouant avec Calcul Mental

et les dictées des Homonymes.

Encadrée d’un bois, où nos noms

figuraient, c’était notre instit-

tutrice de très vieille roche.

Quel plaisir de relire Ponge !





Nul fanal. Ni conseils. Ni rage

d’écriture. Un petit feu

de braises maintenu mot à mot,

L’allure poétique à sauts

et à gambades.* L’autre scène,

Essais toujours en mouvement.

Paroles écrites. Morceaux

épars de notre palimpseste.

Pensées, pesées paradoxales.

Pavés phénix de 68.

Paroles effacées des murs,

Mais toujours vives en nos cœurs.





Systoles, diastoles, Saveurs.

Poésie, en ce monde qui nie

la cohérence aventureuse**,

se lit sans bruit, à contre-voix,

relie le souffle de Tchouang Tseu

aux Margeries de Jean Tardieu.





Contre la prose, morne plaine

de la marchandisation,

le verbe créateur des enfants du limon.***





** Roger Caillois

à propos des Collages surréalistes

***Raymond Queneau

Roman 1938

QUELQUES LIGNES POUR UN POÈME

il faut peu de lignes pour faire poème
il s'agit de composer 
avec des cantilènes
écrites par un.e autre que toi
sur des braises que tu tisonnes
"tel jour telle heure en telle année"*

Ce soir par exemple entouré d'"espigaous"
qui se balancent au vent léger
tu regardes ton rosier sévillan
au rouge presque parfait
et tu laisses les fourmis
manger tes pieds

*léo ferré 

assis au jardin
15 juin 2020



entouré d’espigaous qui se balancent au vent léger





POUR SECOUER BRAISES ET CENDRES DE LA NUIT

double page sur carnet kraft A6




POUR SECOUER BRAISES ET CENDRES DE LA NUIT





J’ai repris mon papier Kraft et le format A6

Je vais essayer de l’étonner lui jouer des tours d’araignaies (sic)

-première erreur non volontaire d’orthographe

mais comme il est interdit ici de raturer

il n’est en revanche pas interdit d’en profiter

pour d’araignée faire une araigne –





Ce règne de l’écriture en pattes de mouches appliquées

afin de reprendre, l’exercice passé, le sommeil

J’ai repris mon carnet préféré d’insomnie

avec le stylo noir 0,7 médium ou 0,5 pointe fine

C’est parfait





Voilà

Le premier jet où le petit homme a laissé son cheval s’égayer

« à sauts et à gambades » comme celui du cavalier de Montaigne,

le premier jet est terminé





Il s’agit maintenant de faire plus mesuré

plus raisonné

mais toujours avec ces graines de folie

qui secouent braises et cendres de la nuit





8 juin 2020 3h56

diction

L’AUBE EST LÀ





De la belle aube

Au triste soir

Apollinaire





l’aube est là

il fallut démêler les fils noirs de la nuit

ce ne fut pas sans peine

mais tout semble oublié





l’aube est là

sur le journal de bord

éclairé par les braises

du premier feu





l’aube est là

sur le moulin

la roue à aubes

que tu poussais

en te levant

il y a quarante ans





                                                             l’aube est là

ce serait extraordinaire

qu’un autre humain

de la planète Terre

au même instant

écrivit

l’aube est là

L'aube est là
collage sur calligraphies chinoises
ajouts Jean Jacques Dorio
22/03/2017