- Quand tu seras dictateur, de quoi auras-tu peur ? - D’être visé par un coup d’état. - Qu’aimes-tu faire le dimanche après-midi à tes heures perdues ? - Faire des listes de gens à déporter. - Quand tu te retrouves au milieu de la foule, qu’elle est ta première réaction ? - Ordonner une purge. - Si en discutant quelqu’un « te prend la tête », qu’elle est ta principale envie ? - Le faire exécuter. - Quand tu auras tous les pouvoirs à la tête de la Sainte Russie quel est ton rêve secret ? - Réduire le grenier à blé de l’Ukraine en un désert de bêton et de tanks rouillés. Sous-texte ; Alors comme ça vous voulez devenir dictateur ? Fran Lebowitz
Archives de l’étiquette : carnet
JE ME SOUVIENS de Sapho et de Brassaï
25 Je me souviens des grenouilles pêchées en solitaire dans les mares des collines surplombant mon village
26 Je me souviens du rideau de pluie et de ce diable de chanteur nougaresque qui fait des claquettes sur le trottoir à minuit
27Je me souviens de c’est chaud Sète et des anchois de Collioure passés à la moulinette
28 Je me souviens de Guy Forget et de Gabriel Fauré
29 Je me souviens qu’en avril les eaux sont mille et que l’asile est un exil
30 Je me souviens des images poétiques et de tes bras qui entouraient mes nuits
31 Je me souviens de la bleusaille, de plumer la volaille et de Brassaï
32 Je me souviens du verre d’absinthe, la seule sculpture ronde-bosse de Picasso 1914
33 Je me souviens d’avoir visité et revisité son musée Hôtel Salé, du premier au quatorze juillet 2017, pendant que tu passais tes oraux pour entrer à la rue d’Ulm
34 Je me souviens de ce carnet que j’ai rempli de signes en écoutant les moineaux du jardin du Luxembourg
35 Je me souviens qu’elle a passé la jeune fille (Nerval)
36 Je me souviens de Sapho cette femme à thé (ça faut l’écrire)
L’ART DES DIGRESSIONS

hypnographie 3/8
On n’en finit pas de remplir des carnets
Où l’art des digressions nous fait marner
Passer de bourrasque à bonace
De sournois et retors à bonasse
On n’en finit pas d’épucer ses dictionnaires
De rimes de synonymes d’antonymes
De mots d’argot de poissonnières
De pages où l’on décline ses hétéronymes
On n’en finit pas de passer pompons les carillons
Depuis la cour d’école des farandoles
Ouverte aux filles et aux garçons
Jusqu’aux derniers adieux
Après la grande cabriole
On n’en finit pas on n’en finit plus
Plume qui passe douant d’imaginaire
Ce corps de nuit traversé de soleils
Et de vers écrits sur des livres
Ou laissés comme ici
En suspens
COMMENT DEVENIR POÈTE
L’une des méthodes les plus simples est d’écrire des poèmes
Noir sur blanc lentement mot après mot
Ligne après ligne
À la main sur une plage blanche
En s’excluant pour quelques minutes
Du jeu
Il faut répéter infiniment l’exercice
Toujours avec plaisir
Et pour cela choisir
Un papier un carnet un stylo
Qui nous agrée
Ne jamais faire de rature
Et si jamais un mot vient à la place d’un autre
Comme cette plage qui ci-dessus à remplacer page
L’accepter
Le poème est terminé quand il n’y a plus d’espace
On invente alors un titre
Et on laisse reposer
DERNIÈRE PAGE D’UN BEAU CARNET

Je tourne littéralement autour de mon poème
en marchant le dictant par bouffées au secrétaire
accompagnant au troisième étage de sa tour Montaigne
Je marche dans les rues de l’île Saint Louis
comme le faisait Baudelaire
qui n’aurait imaginé aucun de ses sonnets
Assis
C’est la dernière page de ce beau carnet
dont j’ai laissé le hasard chuchoter à l’oreille
des mots choisis les yeux fermés :
le feu le sable la peau le corps le cœur
c’est ce que je t’écrivais
quand nous étions ensemble
Le rythme de nos vers fait des tours et des tours
Une mouette agite ses ailes et crie
pour éloigner ses compagnes
du trognon de pomme qu’un enfant qui me ressemble
vient de jeter dans la mer incertaine
Je ne sais trop qui m’a dicté cette dernière image
Le poème maintenant où j’ai cherché refuge
peut s’effacer
24/12/2020 7H20