La prose de Chateaubriand nous submerge. Le voilà enfant, compagnon à Saint-Malo, des flots et des vents. Complètement livré à lui-même, avec les polissons de la ville, il en fait des vertes et des pas mûres. Ainsi rentrant déboutonné et débraillé, (ces) chemises tombant en loques, il essaie la nuit avec l’aide de sa sœur aimée Lucile, de faire un peu de rapiécetage. En vain. Il paraît toujours déguenillé, au milieu d’enfants en habits neufs, fiers de leur élégance que l’on nomme à l’époque « braverie ».
Un diable de copain, Gesril, l’entraîne dans des bagarres de bandes rivales, où tous ces jeunes « sautereaux », escarmouchent sur la plage à coups de pierres. Un jour, défiant les vagues durant la tempête, François est accusé et poursuivi par les servantes en furie, pour avoir manqué noyer une petite fille.
« Vertige, écroulements, déroutes et pitié ! *» François René de Chateaubriand, poète de sept ans…en vrai !
agenda écrit à la main du premier au sept mars 2021avec 8 calligraphies « à la chinoise »
Lundi premier mars 2021
7h33 Je vois les mots une fois posés Mais « je m’en vois » aussi, parfois, pour qu’ils adviennent. Et d’ailleurs, quelquefois, je ne peux les voir « en peinture ». Et à d’autres instants, par hasard (heureux ou malheureux), les mots font apparaître un monde disparu qui était dans la coulisse. Ainsi, ce premier mars, en ouvrant la fenêtre, j’aperçois trois mouettes, comme celles que Staël peignit à Antibes, avant de tomber lamentablement de son balcon. 7h58
Mardi 02/03/2021
4h12 C’est dans « l’Almanach des Muses » que Chateaubriand publie le 12 décembre 1789, ses premiers vers. Il a vingt et un ans. Deux ans plus tard, il prend le bateau pour le Nouveau Monde. Comme lui, à 23 ans, à l’automne 1968, j’ai connu l’Amérique. Mais la mienne était au sud (Caracas), quand la sienne fut au nord (Baltimore). Mes premières « pièces fugitives » furent publiées dans un recueil à quatre mains, appelé « Remiremots ». François, le vicomte breton, avait intitulé ses premiers essais poétiques, « Le cri du cœur ». J’intitulais les miens, publiés dans ce format dit « à l’italienne », « Papiers Hygiéniques ». Mais, plutôt que les rouleaux destinés à ce « lieu », prisé disait-on du poète Mallarmé, il s’agissait, on l’aura, je l’espère, compris, de ces papiers que l’on écrit en faveur de son hygiène mentale. « Le papier est doux, il endure tout. » 4h22
Mercredi 03/03/2021
6h06 Avant de passer sous la voûte du scanner, qu’un docteur m’a prescrit, j’ai photographié avec soin, mentalement, les 8 caractères chinois collés contre. (voir leur reproduction sur mon agenda photographié) 6h10
Jeudi 04/03/2021
4h51 D’une nymphe macabre Baudelaire attiré (et choqué) fait rimer Eden et dédain. Pour ses sapins, Apollinaire, associe des « rangées de chérubins » avec « de grands rabbins ». À chacun ses soleils noirs ou vermeils. 4h59
Vendredi 05/03/2021
8h46 À Saint Tropez pas de BB, mais le musée de l’Annonciade, où nous aimions tous deux, flâner en amoureux, sur « la place aux herbes » peinte par Camoin (1879-1965). 8h53
Samedi 06/03/2021
5h15 Un être qui m’était cher s’est éteint (éteinte). En pensant fort à elle, je puise dans une de ces phrases qui étoilent mes carnets de pensées singulières, « a parte » : « Mais l’autre amour que l’on dit « d’amistança »…parce qu’après la mort, sa grande force lui dure. » Ramon Lull (traduit du catalan) 5h24
("pensando en ti"...j'écoute "Bachianas Brasileiras n° 5" d'Heitor Villa-Lobos)
Dimanche 07/03/2021
1h55 Comme la manne, les lettres sont tombées, non du ciel, mais de la seule main qui exerce ses capacités de « savoir écrire ». Écriture à sauts et gambades, éclaboussée de signes, à consulter sur place, au partage des encres noires et de nos secrets. 2h10