J’ÉCRIS TROP J’IMAGINE

J’ÉCRIS TROP J’IMAGINE à dada sur mon papier
J’écris à propos de tout et de rien
J’écris du vent dans les branches de sassafras 1
J’écris ça à ma petite lingère
J’écris pour le luth et pour les cœurs simples
J’écris pour ma grand-mère la dictée éternelle de son certificat d’études
J’écris des petites choses qui font plaisir qui flattent ou qui embêtent 2
J’écris des œuvres anthumes pour la postérité
J’écris en feuilletant les écrits des autres
Ces pages d’un temps autre
Ce temps qui ne passe pas

1 René de Obaldia (22 octobre 1918-27 janvier 2022) 2 Émile Berr (6 juin 1855- 9 octobre 1923)

OUVERT JOUR ET NUIT

Ouvert jour et nuit
Ce blog fait des étincelles
Des sortes de poèmes
Qui vous requinquent

Comme un journal de bord
Tenu dans les bistrots parigots
À l’écusson À la clepsydre
À la grande ourse Au cavalier bleu

Ouvert nuit et jour
Le blog fait du Dada
Du yoyo de l’Oulipo
Et même scrogneugneu
Du Pierre Mac Orlan
Pantalon de golf
Et béret d’écossais

Ouvert à toute heure
Il bat la plage sous les pavés
Invitant l’homme de Giacometti
À lire sous la douche
Le bouquin de Cami

Un cami compartit
Un chemin partagé
Où un quidam
Nommé Pessoa
Fait en personne
La fermeture
Du bar de l'Intranquillité


J’AIMERAIS MIEUX PAS





J’aimerais mieux pas t’écrire poème

Il fait trop triste dans mon cœur
Et trop de morts en moi se meuvent





J’aimerais mieux pas

Mais voilà c’est le paradoxe

Le premier vers hardi se pose

Sans que je l’y invite

Sur cette page qui se défend

Mais n’en peut mais





J’aimerais mieux pas j’aimerais passer

Mais comme une mécanique

Ma main magnétique continue

À Dada sur mon papier





Lors me retrouve bon gré mal gré

Poète dépourvu incapable d’interrompre

Ce labeur contrefait*





Et puis flûte ! Réflexion faite

Je dois à mon grand dam le constater

En faisant à contre cœur ce poème

Tristesse et douleurs ont passé





Il était temps de l’avouer





*allusion à Clément Marot

prince des Poètes