TU REPARS DE ZÉRO

TU repars de zéro 
Tu ne fais que passer par stylo interposé ou par pinceau chinant ses caractères énigmatiques
Tu peins le passage avec légèreté et forces manières avec les formes de tes mouvements
Tu repars
Tu fais le départ entre dire et faire entre faire et laisser dire
Tu as deux faires au feu la parole et l’écriture
Tu dis stop
Tu prends congé de ta Muse qui trop abuse
Tu lèves la main 
Tu lèves l’ancre et tu t’en vas couci-couça d’un dernier trait de plume
Jeter sur le papier tes dernières hypnographies

Jacqueline Saint-Jean poèmes

Calligraphies sans clé

Sinon l’Alpha du feu

et du refus

sur mes hypnographies

AUTOPORTRAIT DU 6 JUILLET 2023

Tu repars de zéro Tu repars du néant pour faire l’essai de redonner de l’être au beau parler Tu ne fais que passer par stylo interposé ou par pinceau chinant ses caractères énigmatiques Mais aussi contrairement au dilemme shakespearien to be or not to be tu reprends le propos du maître des Essais : tu peins le passage Avec légèreté et forces manières formes et mouvements Tu repars Tu fais le départ entre dire et faire faire et laisser dire Tu as deux faires au feu la parole et l’écriture le langage et la langue le vague et le divague Muse abuse ou s’abuse Tu dis stop Tu prends congé Tu lèves la main qui écrivait Tu lèves l’ancre et tu t’en vas couci couça  d’un dernier trait de plume faire ton autoportrait du 6 juillet 2023

UNE PROSE SUR LE DÉPART





Pas un jour sans poème que je poste la nuit

Mais cette fois c’est une prose sur le départ.





C’est une prose sur le départ et son enfant hésite,

il voudrait bien la remplacer par un saxophone

ou par un coup de théâtre, comme au cinéma.





C’est une prose sur les marges d’un exemplaire abandonné

aux flots des Voix-Autres, à contre-courant des livres primés.





C’est une prose de l’U topie, de l’A topos, du papillon

qui rêve sur les fleurs de l’amandier, de la Voie

qui ne doit pas se dire sous peine de disparition.





C’est une prose de chenapan, de mots taillés dans les haillons

d’argent et sotz folha d’albespi :« sous le feuillage de l’aubépine. »





C’est une prose à petits pas, à petits feux, d’un amoureux

sur le papier et dans la voix de l’aurore.





C’est une prose de lèvres rouges et du sang des innocents,

d’une femme brûlée par les rayons d’la mort.





C’est une prose inachevée qui passe et qui prend feu

après beaucoup d’années de miscellanées…





prosa sotz folha d’albespi